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A propos de la « une » de « M le magazine du Monde »: notre erreur et notre responsabilité

Editorial. Face au malaise créé par la couverture de notre magazine, nous avons présenté nos excuses aux lecteurs. Pour un journal, reconnaître ses torts revient à augmenter sa liberté d’informer, et sa crédibilité pour y parvenir.

Publié le 31 décembre 2018 à 11h37, modifié le 31 décembre 2018 à 11h37 Temps de Lecture 3 min.

Editorial du « Monde ». Nous avons reçu, depuis trois jours, de nombreux courriels de lecteurs exprimant leur réprobation, voire leur indignation, à l’encontre de la couverture du dernier numéro de « M le magazine du Monde ». Ces messages font état de la même impression : le dispositif visuel employé assimilerait la représentation du président de la République, Emmanuel Macron, à l’imagerie des dictateurs du XXe siècle, et particulièrement à celle utilisée pour Adolf Hitler.

Ce n’était évidemment pas notre intention, comme nous l’avons indiqué dès samedi 29 décembre. Nul n’ignore, au Monde, quel abîme sépare un président de la VRépublique des tyrans les plus abjects du siècle dernier. Nul ne jouerait à confondre un démocrate et un nazi.

Toutefois, le malaise qu’a créé cette couverture, même si d’autres lecteurs n’en ont pas eu la même interprétation, montre que sa publication était une erreur. Puiser dans le vocabulaire visuel d’un courant esthétique du début du XXsiècle, le constructivisme, qui a imprégné les représentations des dictatures qui l’ont suivi, n’était pas un bon choix, puisque cela exposait à ce risque de confusion. S’inspirer d’un graphiste qui avait déjà utilisé ces codes pour une illustration sur Hitler ne pouvait qu’accroître ce risque.

Apporter de la clarté, de la mesure et de la profondeur

Nous avons manqué de discernement dans la validation de cette couverture qui ne correspondait pas au fond du récit consacré à Emmanuel Macron dans ce numéro. Nous avons donc présenté nos excuses, dès samedi, aux lecteurs qui en ont été choqués. Nous considérons en effet que, pour un journal, reconnaître ses torts ne revient pas à restreindre mais bien à augmenter sa liberté d’informer, et sa crédibilité pour y parvenir.

Cette maladresse est d’autant plus regrettable qu’elle introduit du trouble dans une époque où notre rôle est, plus que jamais, d’apporter de la clarté, de la mesure et de la profondeur. La période extrêmement instable, et dangereuse, dans laquelle nous sommes entrés, tant en France que dans nombre de démocraties, accroît notre responsabilité de collectivité de journalistes dont l’indépendance éditoriale, qui s’est construite depuis bientôt soixante-quinze ans, a été intégralement maintenue.

Cette responsabilité, nous serons encore plus vigilants pour la préserver des erreurs – aucune rédaction n’est infaillible – qui peuvent entamer la confiance de nos lecteurs. Cette liberté, nous veillerons aussi à la protéger des pressions qui ont pris de nouvelles formes, depuis l’avènement des réseaux sociaux.

Car, depuis trois jours, en sus des courriers de nos lecteurs de bonne foi, nous voyons aussi se déployer, autour de cette couverture ratée, l’habituelle tentative de nous caricaturer en ce que nous ne sommes pas : un journal militant, voué au dénigrement systématique du président de la République – ce qui ne manque pas d’ironie quand on se souvient du reproche, tout aussi fallacieux, qui nous était adressé par ses opposants, de l’avoir soutenu durant sa campagne électorale.

Un quotidien, un site et un magazine non partisans

A cette mauvaise foi, nous ne cesserons d’opposer notre travail de journalistes, qui dit chaque jour ce que nous sommes : un quotidien, un site et un magazine non partisans, qui cherchent toujours, par des informations inédites, des reportages ou des enquêtes originales, à alerter leurs lecteurs sur les grands mouvements de la planète ou du pays.

Alerter signifie bien plus souvent inquiéter ou déranger que rassurer ou conforter dans ses certitudes. Cela nous vaut de prendre des coups et d’être attaqués sans cesse par tous les camps. Ces procès d’intention, nous y sommes confrontés depuis longtemps. Ils ont valu aux journalistes de notre service Planète d’innombrables critiques sur leur couverture de la catastrophe en cours du réchauffement climatique, avant que cette vérité finisse par s’imposer à tous, comme le décrivait très bien le précédent numéro de notre magazine.

Aujourd’hui, ils se déploient à l’occasion de la crise politique et sociale majeure que révèle le soulèvement des « gilets jaunes », tout autant que la montée de nombre de mouvements populistes dans le monde. Nous ne renoncerons pas à décrire, sans concession pour aucune partie, les enjeux anciens et récents de cette fragmentation de nos sociétés. C’est par ce rôle que se construit l’utilité d’un journalisme indépendant, et la confiance de ses lecteurs.

Le Monde

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