Les climatologues Corinne Le Quéré et Valérie Masson-Delmotte, l’ancienne ambassadrice pour le climat Laurence Tubiana ou les économistes Pierre Larrouturou, Alain Grandjean, Céline Guivarch et Katheline Schubert… Treize experts ont intégré le Haut Conseil pour le climat, présidé par Mme Le Quéré, que le chef de l’Etat a installé mardi 27 novembre, avec pour rôle de conseiller le gouvernement en matière de transition écologique, mais aussi de contrôler et d’évaluer les mesures prises par l’exécutif.
Une semaine avant la conférence climat COP24 qui se tiendra du 2 au 14 décembre à Katowice (Pologne), l’annonce doit également permettre à Emmanuel Macron de montrer qu’il est toujours engagé dans la lutte contre le changement climatique.
Car la France arrive à cette grand-messe onusienne sans avoir respecté ses objectifs climatiques. Dans tous les secteurs clés – énergie, transports, bâtiments, agriculture –, l’Hexagone est en retard. Pire, cet écart se creuse : les émissions nationales de CO2 sont reparties à la hausse depuis 2015 et ont excédé, en 2017, de 7 % le plafond à ne pas dépasser pour parvenir à la neutralité carbone au milieu du siècle, selon une étude de l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI) rendue publique mi-octobre.
« Nous ratons nos objectifs climatiques »
« Cette instance consultative et indépendante portera un regard sur la transition écologique, sur le passé – ce qui a marché ou non – et sur la trajectoire que l’on veut suivre. Elle rendra des avis et des propositions pour informer l’ensemble des acteurs du débat politique, le gouvernement mais aussi les parlementaires et les citoyens », explique Michel Colombier, cofondateur et directeur scientifique de l’IDDRI, qui vient d’être nommé dans la nouvelle instance. « Il ne s’agit pas de la réponse au mouvement des “gilets jaunes”, mais le fruit d’une réflexion entamée il y a un an », assure-t-il.
« Le rôle du Haut Conseil sera de voir en amont si l’ensemble des politiques publiques du pays sont compatibles avec l’accord de Paris. Car sinon personne ne réalise cet exercice de cohérence et de transversalité et nous ratons nos objectifs climatiques », complète Pascal Canfin, un autre membre de la nouvelle entité, qui dirige le Fonds mondial pour la nature (WWF) France.
Parmi les premiers textes examinés, le Haut Conseil pour le climat se penchera sur le projet de loi de finances pour 2020. Les transports, les bâtiments, l’alimentation et l’agriculture feront également l’objet d’un examen. « Aujourd’hui, le projet de loi mobilité ne mentionne pas l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050, ce qui est une aberration car les transports sont le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre », regrette M. Canfin.
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