Chronique. « Ces attaques sont une caricature ! », s’est insurgé Richard Girardot, le président de l’Association nationale des industries alimentaires, le 1er octobre, après la publication du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur l’alimentation industrielle présenté le 26 septembre à l’Assemblée nationale. Il faut dire que ses conclusions sont sévères : s’appuyant sur les nombreuses études qui établissent une corrélation nette entre la consommation régulière d’aliments « transformés et ultra-transformés » et les risques de cancer, de surpoids, d’obésité, de diabète, d’hypertension et de maladies cardio-vasculaires, le président de la commission parle d’une « mauvaise alimentation » qui « rend malade, voire tue ».
La commission d’enquête parlementaire préconise de passer, d’ici à 2025, de 338 à 48 additifs alimentaires (conservateurs, colorants, texturants…), de limiter la teneur en sel, en sucres et en gras des préparations, de surveiller les contaminants des emballages. Elle veut que les productions artisanales puissent afficher un label « fabriqué sur site » et que l’étiquetage Nutri-Score, qui informe les consommateurs sur la qualité nutritionnelle en classant chaque produit en cinq niveaux – A, B, C, D, E, du plus favorable au moins favorable –, soit rendu obligatoire pour tous les emballages des aliments « transformés ».
« Education alimentaire »
Sur le site américain Food Navigator, les industriels de l’alimentation protestent. Ils assurent qu’ils ont déjà fait des efforts significatifs pour baisser les teneurs en sel (de 20 %) et en sucres (de 30 %), et qu’il n’est « pas réaliste » de leur demander de réduire drastiquement les additifs douteux d’ici à 2025. Il leur faudra beaucoup plus de temps « pour adapter [leurs] recettes », se défendent-ils. Quant à l’étiquetage Nutri-Score, beaucoup le dénoncent comme « stigmatisant ».
Le 10 octobre, la nutritionniste américaine Marion Nestle a applaudi le rapport français sur son site Food Politics, se félicitant de sa proposition de rendre obligatoire « l’éducation alimentaire dès l’école maternelle ». Elle ironise : « Il n’est pas étonnant que les entreprises alimentaires françaises soient en colère. L’Assemblée nationale veut les tenir pour responsables. » Depuis trente ans, Marion Nestle est devenue la bête noire de l’industrie agroalimentaire américaine, qu’elle n’a cessé d’interpeller, combattant son lobbying incessant, alors que l’obésité est devenue un problème de santé majeur aux Etats-Unis.
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