McDonald’s, persona non grata au 34e Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil (Seine-Saint-Denis), qui ouvrira ses portes mercredi 28 novembre ? Le vendeur de hamburgers doit pourtant y participer, comme en 2017, en animant un espace de lecture accolé au stand d’Hachette Livre. Une pétition révélée par Le Canard enchaîné, publiée mercredi 14 novembre et déjà signée par plus de 1 400 personnes, considère « que McDonald’s n’a pas sa place au salon » et demande « l’annulation de sa participation ».
Le temple de la littérature jeunesse attend 175 000 visiteurs. « Loin des préoccupations culturelles, [l’événement] offre à McDonald’s un public de choix : des dizaines de milliers d’enfants à attirer dans ses restaurants et une stratégie de communication en or pour tenter de faire oublier les scandales successifs de malbouffe, d’évasion fiscale et d’exploitation des salariés », affirme cette pétition. En soulignant que McDo « est la seule entreprise extérieure au monde de l’édition ou de la culture à tenir un stand ».
Depuis 2015, le spécialiste de la restauration rapide, en partenariat avec Hachette Jeunesse, se targue, sur des pleines pages de publicité, d’avoir donné gratuitement 44 millions de livres aux enfants qui choisissaient des menus Happy Meal. La dernière collection, signée Marc Levy, décortique les expressions « Rire comme une baleine » ou « Chanter comme une casserole ».
« Il faut tout faire pour que les enfants lisent »
La direction de McDo s’étonne de cette « démarche qui stigmatise [son] engagement fort et inédit dans la distribution de livres (...) au plus grand nombre d’enfants ». « Ce n’est pas parce qu’on donne un livre que l’on donne le goût de la lecture », rétorque l’auteur pour enfants Claude Ponti. Pour lui, « l’entrée dans la littérature jeunesse ne doit pas être soumise aux groupes de pression ni aux puissances d’argent ».
Sylvie Vassallo, la directrice du Salon, explique son choix non pas pour des raisons financières, mais bien parce qu’elle considère que McDonald’s joue un rôle phare dans la découverte du livre chez les enfants les plus défavorisés.
« L’espace qu’occupe McDonald’s ne représente que 1/1 000e de la surface du Salon, affirme-t-elle. Nous sommes très engagés dans les quartiers populaires de Seine-Saint-Denis pour y faire découvrir la littérature jeunesse, or ces publics sont aussi ceux de McDonald’s. Que ces enfants soient invités à voir d’autres livres au Salon nous parait important. »
McDo donne aussi, depuis 2016, aux enfants démunis 100 000 euros de Chèques Lire, dans le cadre de l’opération « Partir en livre » du Centre national du livre (CNL). « Vu que l’école n’y réussit pas, il faut tout faire pour que les enfants lisent », affirme Vincent Monadé, président du CNL. Venant en aide à Mme Vassallo, il maintient : « McDo joue un rôle important dans le combat pour la démocratie culturelle. »
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