Devant la porte de son bureau de l’Opéra Bastille, Maxime Darwich montre une étagère qui recense les différents éléments de décor utilisables, notamment pour les planchers. Polystyrène, bois, les matériaux sont alignés. Une imitation d’écorce de bois, très réaliste, trône sur un autre meuble. Agé de 25 ans, diplômé en 2016 de l’Ecole nationale supérieure d’arts et métiers (Ensam), il est le premier ingénieur formé par l’Académie de l’Opéra national de Paris (ONP), en 2017.
Créée en 2015, sous l’impulsion de Stéphane Lissner, le directeur général de l’Opéra de Paris, et de Myriam Mazouzi, arrivée avec lui en 2014 et qui en est la directrice, l’Académie a repris l’atelier lyrique existant auparavant en élargissant son rôle et son périmètre d’action. Elle propose alors une formation aux métiers du chant, de la musique (instruments à corde) et de la mise en scène.
Puis, dès la rentrée 2016, grâce à l’appui de la Fondation Bettencourt Schueller, elle ajoute des formations aux métiers d’artisanat d’art, pour répondre aux besoins directs de l’Opéra en professionnels hautement qualifiés et spécialisés dans les domaines de la perruquerie, du maquillage, du costume, de la tapisserie, des décors…
Pour ne retenir que la crème de la crème, jeunes artistes et artisans d’art sont triés sur le volet. « Nous essayons d’être responsables en limitant le nombre de places, afin de rester cohérent avec le marché du travail », explique Myriam Mazouzi.
Besoins croissants
Cette année, ce sont 33 jeunes professionnels qui sont accueillis en résidence et salariés dans le cadre d’un contrat de professionnalisation allant de un à trois ans. « C’est la responsabilité de l’entreprise d’assurer la formation des professionnels à ces métiers spécifiques de l’Opéra, et c’est dans cette démarche que l’Académie a été envisagée », considère Myriam Mazouzi. Avant l’Académie, notre responsable du bureau d’études était bien en peine de recruter des ingénieurs, se souvient-elle. Avec la montée en puissance de l’utilisation de l’informatique et de logiciels pointus, et des décors qui se complexifient, le besoin est croissant. »
« Ce qui est appréciable ici, c’est qu’en un an, entre la remise de la maquette du décor et la générale, tout est construit. » Maxime Darwich, ingénieur
Environ 20 % du temps des artistes et des artisans est consacré à la formation, avec des séminaires communs sur des thématiques liées à l’opéra : la couleur, les costumes ou encore la place de la vidéo dans les spectacles. Le reste du temps, ils sont répartis dans les ateliers pour les artisans d’art, ou travaillent sur les productions, pour les musiciens et chanteurs. Maxime Darwich a ainsi pu participer, dès sa formation, à la réalisation de décors. « Je cherchais du concret, de la technique. Ce qui est appréciable ici, c’est qu’en un an, entre la remise de la maquette du décor et la générale, tout est construit. »
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