Tribune. Comme chaque année, l’éducation nationale publie le nombre d’enfants scolarisés souffrant de handicap (repères et références statistiques 2018 de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance). Les chiffres ont progressé de façon extrêmement importante. Les résultats sont frappants : le nombre de nos enfants scolarisés entre 2 et 11 ans souffrant de troubles intellectuels et cognitifs, de troubles du psychisme ou de troubles du langage est en très forte augmentation alors que les chiffres des troubles visuels, auditifs, viscéraux et moteurs n’ont pas bougé.
La comparaison avec les chiffres publiés par les mêmes instances les années précédentes révèle l’importance de cette épidémie. Depuis 2010, les troubles ont progressé respectivement de 24 % pour les troubles intellectuels et cognitifs, de 54 % pour les troubles psychiques et de 94 % pour les troubles de la parole et du langage.
Affirmer que ces chiffres sont le seul fait de l’amélioration du dépistage ou de l’inclusion des enfants souffrant de handicap (loi datant de 2005) n’est plus tenable.
Un facteur environnemental ne pourrait-il pas expliquer de telles progressions des troubles graves chez nos enfants ? Parmi d’autres, quelle pourrait être la responsabilité de la surexposition aux écrans ?
Effet délétère
Le 31 mai 2017, les professionnels du Collectif surexposition écrans (CoSE) , qui travaillent auprès d’enfants, lançaient une alerte de santé publique dans une tribune parue dans Le Monde. Dix-huit mois plus tard, le collectif recense les études et renouvelle son message.
De nombreux travaux confirment depuis vingt ans l’effet délétère sur le langage, le sommeil et le comportement, d’une exposition à la télévision des enfants de moins de 2 ans soit en direct soit en arrière-plan permanent. Aucune étude à ce jour ne montre un effet bénéfique de l’exposition aux écrans. On relève les mêmes inquiétudes pour les autres écrans numériques sur le sommeil, le langage, le contrôle des émotions.
Pour les grands enfants, les études confirment le lien entre l’exposition aux écrans et les troubles du sommeil, les troubles de l’attention, l’hyperactivité et la baisse des résultats scolaires. Il existe aussi un retentissement sur les activités physiques, le poids, la vision, l’humeur (anxiété, isolement, dépression) et des attitudes hypersexualisées ou violentes dues à l’exposition à la pornographie et à la violence.
En France, l’étude ELFE (étude longitudinale française depuis l’enfance) analyse de multiples aspects de la vie des enfants nés en 2011. En décembre 2018, les résultats sur l’exposition aux écrans de 13 276 enfants sont publiés : deux tiers des enfants âgés de 2 ans regardent la télévision tous les jours. Ces résultats sont ceux de l’année 2013. Qu’en est-il en 2019 des enfants de 2 ans toujours exposés à la télévision mais aussi aux écrans nomades ?
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