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ONU : le pacte controversé sur les migrations adopté à Marrakech

Une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision sur ce texte non contraignant.

Le Monde avec AFP

Publié le 10 décembre 2018 à 09h38, modifié le 10 décembre 2018 à 10h42

Temps de Lecture 3 min.

Sur le site de la conférence intergouvernementale sur les migrations, à Marrakech, au Maroc, le 9 décembre 2018.

Des représentants de plus de 150 pays réunis à Marrakech ont formellement approuvé, lundi 10 décembre au matin, le Pacte mondial sur les migrations piloté par l’Organisation des Nations unies (ONU) – un texte qui polarise les critiques des nationalistes et des personnes hostiles aux migrants.

C’est par un simple coup de marteau que le texte, destiné à renforcer la coopération internationale pour une « migration sûre, ordonnée et régulière », a été adopté après proclamation orale, selon les informations diffusées par l’ONU à Marrakech.

Sans vote ni signature, la conférence intergouvernementale de Marrakech est une simple étape formelle du processus, avant un ultime vote de ratification, le 19 décembre, à l’Assemblée générale de l’ONU. Mais le sujet déchaînant les passions, une quinzaine de pays ont fait part de leur retrait ou du gel de leur décision.

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« Ce moment est le produit inspiré d’efforts », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à l’ouverture des débats. « Nous ne devons pas succomber à la peur ou aux faux narratifs » sur la migration, a-t-il dit. M. Guterres a dénoncé les « nombreux mensonges » propagés sur cet accord.

« Il est étonnant qu’il y ait eu autant de désinformation à propos de ce que le pacte est et de ce qu’il dit […], il ne crée aucun droit de migrer, il ne place aucune obligation sur les Etats », avait, de son côté, martelé Louise Arbour, la représentante spéciale de l’ONU pour les migrations, dimanche soir au cours d’une conférence de presse à Marrakech. Près de 160 pays, sur les 193 pays membres de l’ONU, étaient annoncés au Maroc, une centaine représentés au niveau des chefs d’Etat, chefs de gouvernement ou ministres, ce qui, selon Louise Arbour, « correspond tout à fait à la moyenne ».

Interdiction des détentions arbitraires

Non contraignant, le pacte recense des principes – défense des droits humains, des enfants, reconnaissance de la souveraineté nationale – et liste des propositions pour aider les pays à faire face aux migrations – échanges d’informations et d’expertises, intégration des migrants. Il interdit les détentions arbitraires, n’autorisant les arrestations qu’en dernier recours. Les défenseurs des droits humains le trouvent insuffisant, notamment sur l’accès des migrants à l’aide humanitaire et aux services de base ou sur les droits des travailleurs migrants. Ses détracteurs, eux, le voient comme un encouragement à un flux migratoire incontrôlé.

Les Etats-Unis, qui s’étaient retirés de l’élaboration du texte en décembre 2017, le jugeant contraire à la politique d’immigration du président Donald Trump, ont lancé vendredi une nouvelle salve contre le pacte et contre toute forme de « gouvernance mondiale ». « Les décisions sur la sécurité des frontières, sur qui est admis à résider légalement ou à obtenir la citoyenneté, figurent parmi les plus importantes décisions souveraines qu’un pays peut prendre », a fustigé la mission diplomatique américaine à l’ONU dans un communiqué.

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Les Etats-Unis ont été particulièrement actifs au cours des derniers mois pour partager leur conception du pacte avec plusieurs pays signataires, notamment en Europe, selon des diplomates de l’ONU. A ce stade, neuf pays se sont retirés du processus après avoir approuvé le texte le 13 juillet à New York : l’Autriche, l’Australie, le Chili, la République tchèque, la République dominicaine, la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie ; et sept ont souhaité plus de consultations internes : la Belgique, la Bulgarie, l’Estonie, Israël, l’Italie, la Slovénie et la Suisse, selon Louise Arbour.

Crise gouvernementale en Belgique

A Ottawa, des échauffourées ont opposé samedi des groupes pro-immigration et des militants de droite opposés à l’adhésion au pacte. Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, entend bien le signer : « Accueillir les gens venus du monde entier grâce à un système d’immigration rigoureux est ce qui a fait du Canada un pays fort, et c’est quelque chose dont le monde a toujours davantage besoin », selon lui. Egalement favorable au texte, la chancelière allemande, Angela Merkel, est arrivée au Maroc dimanche. Les chefs des gouvernements espagnol, grec, danois, portugais et belge ont confirmé leur venue.

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Mais la décision du premier ministre belge, Charles Michel, de se rendre à Marrakech a fait exploser sa coalition gouvernementale avec les nationalistes flamands du N-VA, après plusieurs jours de bras de fer. Ce parti xénophobe a tenu samedi un meeting à Bruxelles avec Marine Le Pen, patronne de l’extrême droite française, et Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump, pour dénoncer le pacte, brandi comme un épouvantail par les populistes à travers l’Union européenne à l’approche des élections européennes, en mai prochain.

Le président français, Emmanuel Macron, a décidé de déléguer à Marrakech le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, alors que le sujet suscite l’opposition de la droite, de l’extrême droite mais aussi de certains « gilets jaunes », ces Français qui manifestent depuis trois semaines dans les rues contre la politique fiscale et sociale.

Il y a environ 258 millions de migrants et personnes en mobilité dans le monde, soit 3,4 % de la population mondiale.

Le Monde avec AFP

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