Après trois ans de mandat, le PDG de TF1, Gilles Pélisson, défend le modèle économique de son groupe, remis en question par le numérique : en 2018, TF1 a réalisé un chiffre d’affaires et un résultat opérationnel en hausse, à 2,3 milliards et 196 millions d’euros, notamment grâce à ses activités en ligne et ses diversifications. M. Pélisson demande aux pouvoirs publics des assouplissements des règles sur la publicité et le financement du cinéma.
Une étude de Morgan Stanley a prédit la fin du modèle des chaînes gratuites, en raison du succès de Netflix. Que répondez-vous ?
La télévision en clair n’est pas morte, au contraire. Vouloir transposer la situation américaine a ses limites. L’Europe résiste mieux. 2018 a été un excellent cru, avec plus de 22 % d’audience pour TF1 et 32,6 % pour le groupe, en hausse, grâce à notre politique multichaîne.
Nous disposons d’un vaisseau amiral, TF1, et d’un portefeuille de chaînes TNT renforcées et personnalisées : TMC a trouvé son style, différent de son image historique, grâce à « Quotidien » de Yann Barthès ou « Burger Quizz » d’Alain Chabat. TFX s’adresse désormais aux millennials, avec de la télé-réalité et des feuilletons. TF1 Série films propose le meilleur des films et des séries du groupe et LCI, notre chaîne d’info, est dans une excellente dynamique. Nos prises de risque ont payé.
Quelles sont vos réserves de croissance ?
Le groupe TF1 évolue aujourd’hui comme un trimaran. Son pilier central est la télévision, avec sa régie publicitaire et désormais le replay et le digital, multi-écrans. Puis, d’un côté, la production, via le rachat de Newen, car les programmes locaux feront la différence et alimenteront les chaînes européennes et les plates-formes. Notre filiale se développe aux Pays-Bas, en Belgique et au Danemark. Et de l’autre côté, il y a le numérique, avec le pôle Unify – Aufeminin, Marmiton, Doctissimo ou My Little Paris. Si nous y ajoutons les 24 millions d’utilisateurs enregistrés dans l’écosystème en ligne MYTF1, nous pouvons proposer un environnement premium aux annonceurs, soucieux de leur « brand safety » [la « sûreté autour de la marque »].
Les recettes de la télévision s’élargissent : antenne, replay, data, et aussi revenus issus des opérateurs télécoms, et demain d’abonnements, avec Salto [le service de vidéo créé par TF1, France Télévisions et M6] si la plate-forme est autorisée…
Mais considérez-vous Netflix comme un concurrent ?
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