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« Gilets jaunes » : mobilisation en baisse après les annonces de Macron et avant le 1er-Mai

23 600 « gilets jaunes » étaient dans les rues en France samedi pour l’acte XXIV du mouvement, selon les autorités, contre 27 900 samedi dernier.

Le Monde avec AFP

Publié le 27 avril 2019 à 15h14, modifié le 28 avril 2019 à 08h37

Temps de Lecture 5 min.

A Strasbourg, le 27 avril.

Deux jours après les annonces d’Emmanuel Macron censées répondre à la crise sociale, les « gilets jaunes » comptaient, samedi 27 avril, se remobiliser à travers le pays pour protester, cette fois, contre le « blabla » présidentiel.

Pour cette nouvelle journée d’action, la mobilisation a rassemblé 23 600 « gilets jaunes » en France, selon le ministère de l’intérieur – contre 27 900 manifestants il y a une semaine. Ces chiffres sont parmi les plus bas depuis le début du mouvement à l’automne 2018, mais ils s’expliquent en partie par le fait que certains manifestants avaient prévu de faire l’impasse ce samedi pour se concentrer sur les manifestations du 1er mai, qui s’annoncent tendues.

Par ailleurs, ces données sont contestées, semaine après semaine, par les intéressés, qui publient leur propre décompte. Les « gilets jaunes », pour leur part, ont ainsi dénombré « 60 132 manifestants minimum », selon un relevé provisoire.

Il y avait 2 600 « gilets jaunes » à Paris samedi 27 avril, chiffre auquel s’ajoutent les 3 500 personnes qui se sont jointes au cortège, plus traditionnel, de la CGT, selon le ministère de l’intérieur. Cette mobilisation en baisse dans la capitale, où les autorités avaient dénombré 9 000 manifestants une semaine plus tôt, a en partie été compensée par une plus grande participation dans certaines villes comme à Bordeaux.

  • « Tous ensemble » à Strasbourg

Après Toulouse pour l’acte XXIII, Strasbourg était l’épicentre du mouvement samedi. A un mois des élections européennes, un appel « international » à manifester à partir de 13 heures en direction du Parlement européen a été lancé sur les réseaux sociaux. La préfecture du Bas-Rhin avait interdit « toute manifestation » dans certains quartiers de la ville, dont celui des institutions européennes.

Le rassemblement, qui a réuni environ 2 000 personnes selon la préfecture, s’est terminé aux alentours de 17 heures. L’après-midi été marqué par plusieurs moments de tensions, notamment lorsque les manifestants ont essayé, sans y parvenir, de rejoindre les institutions européennes.

Selon la préfecture, « de nombreuses dégradations ont été constatées (éléments du mobilier urbain détériorés et brûlés, vol de matériel de chantier, etc.) » au cours de la journée ; 42 personnes ont été interpellées.

A Strasbourg, le 27 avril.

Dans la foule, un drapeau allemand a été aperçu et des manifestants belges, allemands, suisses, luxembourgeois et italiens étaient présents à cette manifestation « internationale », selon les journalistes présents sur place. Certains « gilets jaunes » brandissaient aussi une banderole « Hollande + Bayrou = Macron » ou une caricature de « Macron Picsou » tandis qu’une dizaine de fourgons de la police protégeaient les bâtiments municipaux voisins.

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Interrogé par l’AFP, Pascal, un pré-retraité strasbourgeois de 58 ans, a estimé qu’il n’y avait « rien eu de concret » dans les annonces du président de la République Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse à l’Elysée jeudi soir. « Ça m’a remotivé », a-t-il expliqué, jugeant que le chef de l’Etat s’en était tenu à du « blabla ».

Le journaliste indépendant Gaspard Glanz se trouvait par ailleurs à Strasbourg pour y couvrir la manifestation. Placé en garde à vue après l’acte XXIII de la mobilisation des « gilets jaunes » à Paris pour avoir fait un doigt d’honneur après avoir été poussé par un policier, ce reporter de 32 ans a été interdit de se rendre dans la capitale tous les samedis ainsi que le 1er mai en attente de son procès, qui se tiendra le 18 octobre.

  • A Paris, « riposte générale » et « marche sur les médias »

A Paris, plusieurs milliers de manifestants, gilets rouges de la CGT, « gilets jaunes » et représentants de partis de gauche mêlés, ont manifesté pour opposer une « riposte générale » au gouvernement et au Medef. Partie vers 13 heures de Montparnasse, la manifestation s’est dispersée moins de deux heures plus tard place d’Italie, sans incident.

Leur défilé a rassemblé 5 500 personnes tous manifestants confondus, selon la police, dont 2 000 « gilets jaunes » qui défilaient en tête de cortège. Les organisateurs, eux, affirment qu’ils étaient 35 000. Le cortège, très étiré, avançait au pas de course.

Des militants du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) étaient aussi présents, dont les leaders de la formation Philippe Poutou et Olivier Besancenot, tout comme, côté La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, le député du Nord Adrien Quatennens ou encore celui de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière.

Dans le carré de tête, Amar Lagha (CGT-Commerce), l’un des organisateurs interrogé par l’AFP, s’est montré déçu par l’intervention du président de la République, jeudi. « Il n’y a rien eu sur le pouvoir d’achat », a-t-il souligné. « Tant mieux pour les retraités, il est revenu sur la bêtise qu’il a faite. Sinon, silence total sur les cadeaux qu’il a faits aux grands groupes. Ce gouvernement n’a rien apporté. Le cap reste le même : la casse sociale. »

A Paris, le 27 avril.

La sénatrice (Europe Ecologie-Les Verts, EELV) du Val-de-Marne Esther Benbassa, qui a été de toutes les manifestations des « gilets jaunes », a estimé que « du débat national n’est sortie qu’une souris. C’est bien qu’aujourd’hui nous soyons avec la CGT, parce qu’il faut que le peuple de gauche soit uni. Il y aura aussi le 1er mai pour dire non ».

Dans une autre manifestation, plusieurs centaines de « gilets jaunes » participaient à la « marche sur les médias », appelant à un « traitement médiatique impartial ». Ils se sont élancés peu après 13 heures de la Maison de la Radio, avant de passer devant la tour de la chaîne privée TF1, et de poursuivre leur parcours devant le groupe public France Televisions, la chaîne BFMTV puis le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). « BFM corrompu », ont chanté certains « gilets jaunes » devant le siège de la chaîne d’information en continu.

Peu après 16 h 30, les manifestants commençaient à se disperser dans le calme et sous une pluie battante.

Une pancarte proclamant « le droit d’informer pour Gaspard Glanz » était aussi visible dans le cortège. « Les policiers veulent arrêter les journalistes indépendants parce que ce sont les seuls à dire la vérité. Les médias traditionnels ne disent pas la vérité », a estimé dans le cortège Julien, un boulanger de 29 ans à Grigny (Essonne). « Les journalistes des grands médias, peu importe ce qu’on leur dira, ça se retournera toujours contre nous », ajoute-t-il.

  • Lyon, Toulouse, Cambrai… également mobilisées

Opération escargot sur le périphérique lyonnais, marche nocturne à Cambrai (Nord), déploiement d’un gilet jaune géant au sommet de la Roche de Solutré (Saône-et-Loire)… Des plus petites aux plus grosses, des manifestations étaient également annoncées aux quatre coins de la France.

A Toulouse, il était à nouveau interdit de manifester sur la place du Capitole de 10 heures à 21 heures, mais un appel des « gilets jaunes au centre » a néanmoins été lancé pour le début d’après-midi. A Lille, à Rennes ou encore à Rouen, les manifestations sont également interdites dans le centre.

Vendredi, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a déploré que la réaction des « gilets jaunes » aux annonces d’Emmanuel Macron ait été « déjà écrite » avant l’intervention du chef de l’Etat. « De toute façon, je ne suis pas sûr que [leurs] revendications, que je ne connais plus, aient attendu une quelconque réponse », a ajouté le ministre, en marge d’un déplacement à Fuveau (Bouches-du-Rhône).

Le Monde avec AFP

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