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« Philippe de Villiers n’a pas le droit de falsifier l’histoire de l’UE au nom d’une idéologie »

Le dernier ouvrage de l’ex-député, europhobe convaincu, sur les origines de la construction européenne est « un tissu de faux-semblants propre aux théories du complot », dénonce, dans une tribune au « Monde », un collectif d’universitaires européens spécialistes d’histoire contemporaine.

Publié le 27 mars 2019 à 05h00, modifié le 17 décembre 2020 à 17h35 Temps de Lecture 8 min.

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Ancien ministre, ancien ­président du Mouvement pour la France (MPF) et ­fondateur du Puy-du-Fou, Philippe de Villiers publie, à deux mois des élections européennes, qui doivent avoir lieu les 25 et 26 mai, J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu  (Fayard, 416 p., 23 euros), dans lequel il revient sur les ­origines de la construction européenne. Selon lui, les pères fondateurs de l’Union, dont Jean Monnet, auraient conspiré contre les peuples du Vieux Continent, avec l’aide de plusieurs ­institutions et fondations américaines, comme la ­Fondation Ford. Il accuse également Robert Schuman d’avoir travaillé sous les ­ordres du maréchal Pétain pendant la seconde guerre mondiale. Retiré de la vie politique, cet europhobe convaincu dit « chercher la vérité » et se donne pour mission de « débusquer les mensonges ». D’éminents historiens européens ­réagissent aux propos du pamphlétaire, démontant une à une ses insinuations.

Tribune. Philippe de Villiers a bien choisi son moment – l’approche des élections européennes – pour présenter son nouveau livre, J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu (Fayard), dans lequel il aligne les attaques approximatives et tendancieuses contre trois bâtisseurs de l’Europe : Jean Monnet, Robert Schuman et Walter Hallstein. Il annonce des révélations fracassantes sur leurs « turpitudes » et prétend, pour justifier ses dires, s’appuyer sur des archives nouvelles, alors qu’elles sont bien connues des professionnels. Le polémiste a l’art de transformer certaines vérités, développées depuis longtemps par des ouvrages scientifiques, en contre-vérités utiles à sa démonstration idéologique. Dans le contexte actuel de foisonnement des « fake news », des historiens de plusieurs pays européens, spécialistes de l’Europe, ont jugé utile d’examiner de près certains des propos de M. de Villiers.

Les projets d’unification de l’Europe sont en réalité très anciens. Il est même possible de remonter à celui de Georges de Podiebrad, roi de Bohême, au XVe siècle. Plus récemment, en 1929-1930, Aristide Briand proposait un « plan d’union fédérale européenne ». Pourtant, Philippe de Villiers, afin de mieux diaboliser cette idée d’intégration du continent, se plaît à l’attribuer aux nazis et, pour la France, à Vichy et à son « école des cadres », située à Uriage (Isère). On y a en effet parlé de l’unité européenne. Sûrement pas comme le maréchal Pétain l’aurait souhaité, puisque des membres de cette école, dont Pierre Dunoyer de Segonzac, son fondateur, ont organisé des maquis, et que Laval a fermé cette institution en 1943. Ecrire que Monnet est inspiré par Vichy, sous prétexte que d’anciens maréchalistes, ayant rompu avec Pétain, ont partagé ses idées sur l’Europe – avec d’ailleurs un grand nombre de résistants – est typique de la méthode insidieuse de Philippe de Villiers.

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