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Antoine Gallimard : « On a le sentiment que le livre perd sa place »

Le PDG du groupe d’édition Madrigall (qui comprend Gallimard, Flammarion et Casterman) fait un état des lieux du marché de l’édition au moment où s’ouvre le salon Livre Paris.

Propos recueillis par 

Publié le 15 mars 2019 à 06h00

Temps de Lecture 5 min.

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« Notre partenaire n’est ni Apple ni Google, mais Amazon », explique Antoine Gallimard, PDG du groupe d’édition Madrigall.

Au moment où s’ouvre la 39e édition de Livre Paris, Antoine Gallimard, PDG de Madrigall, cinquième groupe d’édition en France qui comprend Gallimard, Flammarion et Casterman, avec 428 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018, explique sa stratégie.

La décélération du marché de l’édition depuis dix ans s’explique-t-elle par une surproduction des livres, qui culmine à 68 000 ouvrages par an ?

C’est une des raisons, l’édition ne peut échapper aux dures lois de l’économie de l’attention [cette dernière est considérée comme une ressource de plus en plus rare]. Chaque année, on voit une décélération du marché – entre 0 % et – 2 % – qui peut s’expliquer par cette profusion de l’offre, cette surchauffe du système.

Il y a les rentrées littéraires de septembre, de janvier, du printemps, les livres d’été, etc. Le libraire est envahi de colis, des piles d’ouvrages arrivent chez le critique alors que le temps de lecture des grands lecteurs s’est réduit. On pense avoir perdu près de 500 000 lecteurs chez les 16-30 ans ces dernières années. Dans certains lycées, on impose un quart d’heure de lecture chaque jour pour tous. C’est une initiative qu’il faut encourager.

Si vous payiez davantage les auteurs, en augmentant leurs droits d’auteurs de 10 % à 15 %, moins de livres mieux financés auraient plus de chances de s’imposer…

L’augmentation des droits – déjà proportionnels au succès d’un auteur – ne conditionne pas la vente du livre. Elle en augmenterait aussi la cherté pour les lecteurs et donc l’attractivité. Ce sont des équilibres très fragiles et la stabilité de notre marché montre tout de même que nos fondamentaux restent bons. Si le livre est toujours très bien considéré dans notre société, on a en même temps le sentiment qu’il perd sa place. Les bibliothèques et les écoles, faute d’argent, en commandent moins. Les libraires retournent parfois aux éditeurs plus de 50 % d’un ouvrage reçu. C’est une perte d’énergie et de valeur.

Alors réduisez-vous le nombre de livres que vous publiez ?

Avec quelque 400 livres nouveaux par an pour les éditions Gallimard, hors Folio, je n’ai pas le sentiment de publier trop. L’ajustement des programmes est une de mes grandes préoccupations. J’ai tenu à réduire le nombre de grands formats paraissant chaque année, de 3 à 4 %.

En quoi les GAFA pourraient-ils gêner le développement de votre groupe ?

Notre partenaire n’est ni Apple ni Google, mais Amazon, qui veut être présent dans l’autoédition, la librairie, la vente d’occasion… En France, les règles du jeu sont bonnes, comme le prix unique, le respect des droits d’auteurs. Bien sûr, Amazon n’est pas complètement à son aise dans ce dispositif favorable à la diversité des acteurs. Il effectue des pressions permanentes sur les conditions de ventes.

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