Après vingt et un jours de détention, Carlos Ghosn a obtenu sa libération sous caution, jeudi 25 avril. L’affaire n’était pas gagnée pour l’ancien patron du groupe Renault-Nissan, le parquet ayant fait appel plus tôt dans la journée de la décision prise par le tribunal de Tokyo d’approuver sa libération sous caution Mais le tribunal a décidé de rejeter ce recours du parquet et de redonner sa liberté à l’ex-PDG, moyennant le paiement d’une caution de 500 millions de yens (4 millions d’euros).
M. Ghosn, qui était retourné en prison début avril après une nouvelle arrestation surprise, est sorti peu après 22 h 20 (15 h 20 à Paris), encadré de gardiens, vêtu d’un costume sans cravate, sous les flashs des nombreux médias, avant de monter dans un véhicule noir.
Contacts limités avec son épouse
Cette remise en liberté est assortie de plusieurs conditions restrictives et de mesures visant à empêcher Ghosn de falsifier des preuves. L’ancien dirigeant a interdiction de quitter le Japon.
Dans un communiqué, Carlos Ghosn a fait part de sa satisfaction tout en déplorant qu’on lui ait ordonné de limiter ses contacts avec son épouse. « Restreindre les communications et les contacts entre mon épouse et moi, c’est cruel et inutile », a-t-il dit. « Nous nous aimons beaucoup, elle a répondu aux questions des procureurs et elle n’a rien fait de mal. » Carlos Ghosn a une nouvelle fois clamé son innocence et a redit qu’il était déterminé à se défendre contre des « accusations sans fondement (…) ».
Lors de sa première libération, le 6 mars, il avait été moqué pour avoir revêtu une tenue d’ouvrier afin de tenter d’échapper aux caméras. L’avocat qui avait eu cette idée avait dû s’excuser.
Pour demander sa libération, les avocats de Carlos Ghosn avaient insisté sur l’absence de risque de destruction de preuves et de fuite, ainsi qu’un problème médical – une insuffisance rénale – dont souffrirait l’ex-patron de Renault.
Une première caution de huit millions d’euros
L’ex-PDG de Renault-Nissan, qui avait initialement été arrêté le 19 novembre 2018 à Tokyo, avait déjà payé un milliard de yens (8 millions d’euros) pour sortir le 6 mars du centre de détention du quartier de Kosuge, après avoir obtenu une première mise en liberté conditionnelle avec assignation à résidence dans la capitale nippone. Mais les procureurs ont décidé, à peine un mois plus tard, de l’interpeller de nouveau sur des faits supplémentaires.
Carlos Ghosn est sous le coup de quatre inculpations pour diverses malversations financières, dont des dissimulations de revenus dans des documents boursiers et deux cas différents d’abus de confiance aggravé.
Les conditions imposées à sa liberté surveillée n’ont pas encore été précisées. La fois précédente, il lui était interdit de quitter le Japon et il n’avait, en sus, pas le droit d’utiliser un smartphone connecté à Internet et n’avait accès à un ordinateur qu’en semaine à des horaires définis au cabinet de son avocat.
Il avait toutefois pu retrouver sa famille – son épouse, Carole, et ses filles, venues spécialement – dans un appartement de location à Tokyo, enregistré auprès du tribunal et dont il n’avait pas le droit de s’absenter plus de trois jours.
La thèse du piège
Avant même sa première libération sous caution, M. Ghosn a usé de plusieurs moyens – interview à quelques médias dont l’Agence France-Presse, communiqués, comparution à sa demande devant un tribunal – pour clamer son innocence et dénoncer un complot ourdi par Nissan à son encontre.
Dans une récente vidéo, enregistrée avant sa nouvelle arrestation mais rendue publique quelques jours plus tard, il a également insisté sur la thèse du piège tendu par les dirigeants du constructeur d’automobiles japonais afin de le faire tomber et stopper ainsi le processus de fusion Renault-Nissan qu’il préparait.
Son épouse, Carole Ghosn, se mobilise depuis des semaines pour dénoncer le traitement dont fait l’objet son mari, une campagne soutenue par plusieurs avocats, étrangers comme japonais, et des organismes internationaux qui estiment que le système judiciaire nippon ne respecte pas les droits de la défense.
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