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Alexandre Lapshin : « Le régime d’Azerbaïdjan enlève et tue ceux qui lui déplaisent »

Le blogueur russo-israélien a passé sept mois dans une prison de ce pays du Caucase avant d’être gracié puis expulsé en Israël. Il raconte, dans une tribune au « Monde », le quotidien des tortures et des persécutions.

Publié le 31 mai 2018 à 13h53, modifié le 31 mai 2018 à 15h37 Temps de Lecture 5 min.

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«  Dès mon arrivée sur la piste d’atterrissage à Tel-Aviv, les examens de médecine criminelle que j’ai subis ont conclu que j’avais survécu à une sauvage tentative d’assassinat qu’on avait essayé de maquiller en tentative de suicide » (Le blogueur russo-israélien Alexandre Lapshin lors de son arrivée à Bakou après son extradition par le Bélarus. Le 7 février 2017).

Tribune. Je m’appelle Alexandre Lapshin. Je suis un blogueur globe-trotteur qui a visité plus de cent trente pays. Je ne m’intéresse pas à la politique mais j’aime la paix, la nature, l’histoire, les jolies femmes et la bonne chère.

Même dans mes pires cauchemars, je n’aurais pu imaginer être victime d’un jeu politique entre deux dictateurs brutaux : l’ancien président des fermes collectives soviétiques – le président biélorusse Alexandre Loukachenko et l’homme fort d’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, qui a hérité du pouvoir de son père, comme dans les anciens sultanats arabes décrits par le conte des « Mille et une nuits ».

Le 15 décembre 2016, lors d’un voyage dans l’ex-URSS, j’ai été soudainement arrêté par la police au Belarus. Des agents sont brutalement entrés dans ma chambre d’hôtel en criant « à terre ou nous tirons, vous êtes en état d’arrestation à la demande de l’Azerbaïdjan pour avoir visité le Karabagh ». J’ai eu de la chance car, lors de cette arrestation, ces policiers n’ont pas remarqué que mon ordinateur était en marche et que j’étais en train de communiquer avec mon épouse. Elle a pu voir mon arrestation en direct et elle a immédiatement alerté les médias internationaux ainsi que les ambassades d’Israël et de Russie dont je suis citoyen.

Show médiatique tragicomique

Il est important de préciser que si le Belarus avait été un Etat de droit, il n’aurait jamais procédé à mon arrestation, sans même parler de mon extradition et de ma condamnation. Je n’avais commis aucun délit contre les lois du Belarus et la seule convention d’extradition entre le Belarus et l’Azerbaïdjan stipule explicitement que toute requête d’extradition doit être rejetée si elle est fondée sur des motifs politiques.

J’ai passé sept mois dans une prison en confinement solitaire ce qui est contraire au droit international et ce qui est considéré comme un cas de torture

Or, Aliev avait envoyé son avion personnel pour me faire atterrir à Bakou où j’ai débarqué dans un véritable show médiatique, sorti de l’avion par des soldats des forces spéciales équipés d’armes automatiques, de poignards de combat et de grenades sous le regard de centaines de caméras. Ce spectacle tragicomique avait été mis en scène pour les couches les moins éduquées de la population azerbaïdjanaise.

J’ai passé sept mois dans une prison en confinement solitaire ce qui est contraire au droit international et ce qui est considéré comme un cas de torture. J’ai été accusé d’avoir illégalement visité le Karabagh à partir du territoire de la République d’Arménie – il n’y a aucun autre moyen de le faire puisque la frontière entre l’Azerbaïdjan et le Karabagh est strictement close depuis 1993 – et de m’être rendu coupable d’une « violation de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan ».

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