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Une panne a affecté certains paiements par carte bancaire Visa en Europe

Visa a présenté samedi ses excuses à ses clients pour cette panne qui n’est pas liée « à une cyberattaque ou un accès non autorisé ».

Par  (Londres, correspondance) (avec AFP)

Publié le 01 juin 2018 à 19h28, modifié le 02 juin 2018 à 12h27

Temps de Lecture 4 min.

Certaines transactions Visa en Europe sont touchées, vendredi 1er juin.

Comme par un trait d’humour involontaire, le chancelier de l’Echiquier, Philip Hammond, avait visité, jeudi 31 mai, le siège de Visa à San Francisco. La société américaine lui vantait alors les « bénéfices du paiement numérique pour de plus en plus de gens dans le monde », mettant en avant « l’insertion financière » des populations pauvres.

Vingt-quatre heures plus tard, vendredi 1er juin, Visa a connu une panne majeure à travers l’Europe. Dans le courant de l’après-midi, le système de paiement s’est mis à fonctionner de manière sporadique. Si les retraits d’espèces marchaient, les paiements en carte étaient majoritairement rejetés. Vers minuit, l’entreprise affirmait de nouveau « opérer près [du niveau] normal ». Mastercard n’a pas été touchée.

Excuses du directeur général

Visa n’a pas fourni d’explications détaillées sur la cause de la panne mais elle a, par la voix de son directeur général, présenté ses excuses à ses clients pour cette panne qui n’est pas liée « à une cyberattaque ou un accès non autorisé » : « Notre objectif est de faire en sorte que tous les paiements Visa fonctionnent de façon fiable 24 heures sur 24, 365 jours par an. Nous n’avons pas été à la hauteur de cet objectif », a reconnu Al Kelly dans un communiqué.

Le problème a essentiellement concerné le Royaume-Uni. Relayées sur les réseaux sociaux, les anecdotes se sont multipliées : des gens ont laissé leurs courses dans les supermarchés derrière eux, des pleins d’essence n’ont pas pu être réglés, la chaîne de pubs Wetherspoons, très active comme tous les vendredis soir, a dû refuser de servir de nombreuses pintes de bière…

Si des millions de personnes ont été touchées, les problèmes ont dans l’ensemble pu être contournés. La panne a été gênante, mais pas bloquante… A la librairie Waterstones de Kensington, au centre de Londres, une séance de dédicaces de Derek Landy, un auteur très populaire chez les adolescents, était en cours. Les clients ont majoritairement dû payer leurs livres en liquide. Rapidement, la caisse est arrivée à cours de monnaie, et il a fallu que le libraire aille se fournir en urgence à la banque voisine.

Profonde dépendance

L’Allemagne a également été touchée, avec des files d’attente aux caisses d’un magasin Primark à Berlin, selon un journaliste de l’AFP. En Sicile, des touristes britanniques se sont retrouvés bloqués, faute de pouvoir payer leur voiture de location.

La panne a mis en évidence la profonde dépendance des sociétés actuelles à quelques systèmes de paiement informatisés. « La vision romantique d’une société du futur sans argent liquide a connu un bug. Dès que Visa est en panne, l’économie est immobilisée. Aujourd’hui en était un entraperçu », commentait sur Twitter Brett Scott, l’auteur d’un livre sur le système monétaire (The Heretic’s Guide to Global Finance, Hacking the Future of Money, éditions Pluto Press, 2013, non traduit).

La fragilité des systèmes informatiques financiers avait déjà été illustrée en avril au Royaume-Uni. Pendant plus d’une semaine, les clients de TSB, une grande banque de détail, ont eu de grosses difficultés à accéder à leurs comptes en ligne. Beaucoup n’ont pas pu régler leurs factures ou transférer de l’argent. Certains ont eu la surprise de pouvoir lire les comptes en banque de personnes tierces. Un client s’est retrouvé avec un découvert de 1 million de livres… Le directeur général de TSB, Paul Pester, a dû renoncer à son bonus de 2 millions de livres (2,3 millions d’euros) et a été convoqué pour une humiliante session devant un comité parlementaire.

Diminution des paiements en liquide

Ces fragilités sont d’autant plus évidentes que la dépendance aux services de paiement s’accroît. Au Royaume-Uni, les retraits d’argent liquide ont reculé de 11 % depuis leur pic de 2012, retrouvant leur niveau de 2004. Les paiements par carte « sans contact », très utilisés pour de petits montants, sont en rapide hausse et représentent désormais près de 10 % des transactions. Cette année, pour la première fois, moins de la moitié des achats se fera en espèces.

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La Scandinavie, l’une des régions les plus en pointe dans ce domaine, va encore plus loin. En Suède, l’argent liquide devient presque rare. Seules 15 % des transactions dans les magasins se font encore de cette façon. « Dans un avenir peu distant, la Suède pourrait devenir un pays où le liquide ne sera généralement plus accepté », estimait dès 2016 un rapport de sa banque centrale.

Si la tendance reflète une vraie satisfaction des consommateurs à utiliser et à transporter moins de liquide, elle interroge sur la solidité des systèmes informatiques. C’est vrai pour les paiements grand public, avec le bug de Visa ce vendredi. C’est vrai aussi pour les réseaux professionnels : en octobre 2017, la banque taïwanaise Far Eastern International s’est ainsi fait dérober 60 millions de dollars (51,4 millions d’euros) quand son système Swift, qui facilite les transferts internationaux, a été piraté. Elle a ensuite réussi à en récupérer la grande majorité, mais l’alerte a été sérieuse.

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