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« Le vaste peuple des automobilistes a brandi le volant comme autrefois les fourches pour une de ces étranges jacqueries qui enflamment le pays »

L’abaissement à 80 km/h sur les routes secondaires suscite de fortes oppositions, et a donné lieu à l’un des rares « couacs » du gouvernement, estime l’éditorialiste au « Monde » Gérard Courtois dans sa chronique.

Publié le 22 mai 2018 à 06h46, modifié le 22 mai 2018 à 19h37 Temps de Lecture 4 min.

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Chronique. C’est un mot dont le président de la République a horreur et le premier ministre tout autant. L’un parce qu’il en a vu les effets délétères durant le quinquennat de François Hollande. L’autre parce qu’il a été formé à la raide école d’Alain Juppé. Et tous les deux parce qu’ils ne supportent la contradiction qu’à dose homéopathique.

C’est pourtant bien un couac dont le ministre de l’intérieur s’est rendu coupable. Aggravant son cas, il a produit cette dissonance fâcheuse le jour même où tous les membres du gouvernement étaient priés de jouer à l’unisson, aux quatre coins du pays, la partition entraînante d’une année de réformes menées par un orchestre symphonique.

Jeudi 17 mai, donc, lors d’une réunion publique à Rungis, interrogé sur ce qu’il pense de l’abaissement de 90 à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires sans séparateur physique, Gérard Collomb s’en est sorti par une pirouette : « Est-ce que j’ai le droit de prendre un joker ? » Invité le lendemain à être plus explicite, il y a ajouté une impertinence, sous le couvert de l’évidence : « Le premier ministre a décidé. Tout ce que fait le premier ministre me plaît, par définition. »

Piqué au vif, le chef du gouvernement a jugé nécessaire un recadrage aussi cinglant qu’un coup de sifflet de la maréchaussée : « Je sais évidemment pouvoir compter sur l’engagement du ministre de l’intérieur pour faire en sorte que cette décision soit mise en œuvre dans les meilleures conditions. » Et d’ajouter, bien dans sa manière : « Quand on a l’honneur d’exercer des responsabilités publiques, il faut parfois choisir entre de mauvaises décisions qui rendent populaire et de bonnes décisions qui rendent impopulaire. » Droit dans ses bottes !

Révélateur des passions françaises

L’événement est minuscule, bien sûr. Mais tellement révélateur des passions françaises ! Voilà, en effet, une mesure qui est à la fois de bon sens et de salubrité publique. Au début des années 1970, l’on a compté jusqu’à 16 000 morts par an sur les routes de France, et dix fois plus de blessés graves. Depuis, tous les gouvernements se sont employés à combattre cet absurde fléau.

Limitations de vitesse, port obligatoire de la ceinture de sécurité pour les automobilistes et du casque pour les motards, contrôle de l’alcoolémie, permis à points, radars automatiques : autant de mesures qui ont, chaque fois, suscité la colère des conducteurs. Mais autant de mesures dont l’efficacité a été spectaculaire. Le nombre de tués sur les routes a régulièrement baissé. Depuis cinq ans, il s’est stabilisé autour de 3 500 par an.

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