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Université : le gouvernement entérine le tirage au sort

Une circulaire a été publiée ce mardi au bulletin officiel pour sécuriser cette pratique décriée.

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Publié le 27 avril 2017 à 11h19, modifié le 27 avril 2017 à 15h35

Temps de Lecture 3 min.

Des étudiants de l’université de Strasbourg.

Alors qu’il reste un mois aux bacheliers pour finaliser leurs vœux d’orientation dans l’enseignement supérieur, le gouvernement a décidé d’avancer sur le terrain miné du tirage au sort. Une pratique utilisée depuis plusieurs années pour départager les trop nombreux candidats à l’entrée de certaines filières universitaires surbookées. Une circulaire a été publiée le 27 avril au bulletin officiel, gravant dans le marbre ce recours à l’aléa en dernier ressort, une fois le critère géographique et celui de l’ordre des vœux des bacheliers effectués sur la plate-forme d’Admission postbac (APB) appliqués.

Face au boom démographique qui arrive aux portes de l’université, avec plus de 30 000 étudiants supplémentaires chaque année, certaines licences sont prises d’assaut, sans avoir les places nécessaires pour répondre à la demande. Elles ont progressivement mis en place des capacités d’accueil limitées.

Tout le monde s’oppose

Et pour certaines, comme les Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) ou la psychologie, des tirages au sort laissent sur le carreau des candidats de l’académie qui ont pourtant placé ces licences en tête de leurs vœux : 3 500 jeunes à la rentrée 2016, d’après les chiffres du ministère, n’ont ainsi pas obtenu de place dans leur premier vœu à l’université.

A quelques jours de la fin du quinquennat, cette circulaire vise essentiellement à sécuriser la situation juridique pour la prochaine rentrée. Car ce système de tri, pratiqué dans la seule filière de l’enseignement supérieur public où la sélection est interdite, ne dispose pas d’une réglementation suffisante, d’après les quelques arrêts rendus par des tribunaux administratifs saisis par des bacheliers déçus.

En janvier, le gouvernement avait déjà tenté de légaliser ce tirage au sort avec un arrêté. Mais face à la bronca soulevée chez les élus de la communauté universitaire, il avait dû reculer. Le sujet est en effet particulièrement sensible : des représentants étudiants aux élus enseignants, en passant par les présidents d’université, tout le monde s’oppose à cette pratique jugée absurde. Thierry Mandon, secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, évoquait le « plus bête des systèmes », en espérant voir sa pratique diminuer, grâce à une meilleure orientation des bacheliers et aux 100 millions d’euros supplémentaires ajoutés aux budgets des établissements.

« Joli cadeau de fin de quinquennat »

Cette circulaire ne suffira pas juridiquement à sécuriser la situation, estime cependant MJean Merlet-Bonnan, qui a porté une dizaine d’affaires sur le sujet devant les tribunaux. « Si le gouvernement a initialement préparé un arrêté, c’est qu’il est bien conscient que ce vide juridique ne peut être comblé par une simple circulaire. Elle pourra facilement être attaquée », affirme l’avocat.

Si le tirage au sort ne concerne qu’un tout petit nombre de bacheliers à l’entrée de l’enseignement supérieur – moins de 1 % –, il ne devrait pas diminuer dans les quelques filières concernées cette année : 40 000 candidats supplémentaires sont inscrits sur APB, d’après les chiffres provisoires publiés en mars. « Nous avons actuellement 33 000 premiers vœux de candidats en STAPS, soit 5 000 de plus que l’an dernier, pour toujours environ 15 000 places », constate Didier Delignières, à la tête de Conférence des directeurs et doyens de STAPS, qui alerte une fois encore sur la situation des facs de sport, qui ne peuvent plus pousser les murs alors qu’elles sont touchées par cet afflux depuis plusieurs années, sans moyens supplémentaires.

Si le ministère estime qu’en première année commune aux études de santé (Paces) il ne devrait pas y avoir de problème, en droit, l’incertitude demeure, selon la stabilisation des vœux à venir – les candidats peuvent encore en modifier l’ordre jusqu’au 31 mai – et les choix de chacun pendant les différentes phases d’affectation cet été. Pour l’heure, les doyens de droit ne voient pas venir une explosion des candidats.

« C’est un joli cadeau de fin de quinquennat, réagit avec une ironie grinçante Lilâ Le Bas, présidente de l’UNEF. Autoriser ainsi le tirage au sort, c’est un premier pas vers la sélection à l’université, alors que l’urgence est de lui donner les moyens financiers d’accueillir tous les bacheliers, et de développer des cursus plus progressifs afin d’éviter ces engorgements et de lutter contre l’échec. » Pour l’étudiante, c’est aussi un joli cadeau au prochain gouvernement : « Tout le monde est contre le tirage au sort, donc certains pourront d’autant plus facilement défendre une sélection sur dossier, sur examen, sur prérequis… »

Les deux candidats au second tour de l’élection présidentielle se sont déjà positionnés dans leurs programmes : Marine Le Pen (FN) défend une sélection « au mérite », quand Emmanuel Macron (En marche !) promet la mise en place de prérequis à l’entrée de l’université.

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