LE SEXE SELON MAÏA
Faut-il encore le rappeler ? Le clitoris est l’organe essentiel du plaisir sexuel féminin. Faire l’amour en ignorant ce détonateur orgasmique équivaut à zapper le pénis : ça peut marcher, mais c’est moins simple.
Problème : notre conception du rapport sexuel résume ce dernier à la pénétration vaginale, laquelle s’opère par définition à l’intérieur du corps des femmes… alors que leur zone la plus sensible se trouve en surface.
Voilà qui nous amène à l’équation la plus déconcertante du monde hétérosexuel : comment faire pour donner du plaisir aux deux partenaires en même temps ? On pourrait croire qu’après les tentatives de relocalisation du détonateur féminin (dans le vagin, n’est-ce pas Freud), après l’indifférence cynique (les femmes n’ont qu’à se passer de jouissance), les amants contemporains auraient enfin trouvé la formule magique.
En l’occurrence, ce n’est pas toujours le cas. Le conseil le plus fréquemment donné consiste à faire frotter le clitoris contre l’os pubien de l’homme pendant le rapport. Vous pouvez essayer : les positions adéquates sont le missionnaire (les plus souples poseront leurs mollets sur les épaules de leur partenaire), le face-à-face, l’amazone (la femme au-dessus, qui contrôle l’angle et la pression) ou l’imbrication sur le côté.
Un formidable produit de l’évolution : la main
Cependant, stimuler le gland du clitoris de manière indirecte, alors que ce dernier fait en moyenne 7 millimètres, constitue une aventure un chouïa téméraire… D’ailleurs, la plupart du temps, ça ne suffit pas. Même constat face aux « upgrades » des positions traditionnelles disponibles partout en ligne sous forme de schémas archi-précis (je vous recommande la « technique d’alignement coïtale », virtuellement impossible à distinguer du missionnaire).
Et puis, sérieusement ? Se frotter contre un os enfoui dans une toison pubienne ? En 2018 ? Le jour où on demandera aux hommes d’atteindre l’orgasme en frottant leur pénis contre un coude ou une omoplate, faites-moi signe (pendant ce temps, je me préparerai une soupe de courges avec un marteau).
Vous l’aurez compris : pour stimuler efficacement un clitoris, autant utiliser les formidables produits de l’évolution que sont nos mains. Auxquelles il faudra concéder un peu d’espace.
Partant du principe que le lecteur moyen du Monde n’est pas contorsionniste, on recommandera les positions du Kama-sutra plaçant le pénétrant derrière la pénétrée… sous certaines conditions ! La levrette par exemple autorise l’accès au clitoris, mais plutôt pour l’homme. La femme aura besoin de ses bras comme appui, et accessoirement pour éviter l’étouffement par ingestion de traversin. Ce qui nous laisse, comme positions réellement tenables, soit les confortables petites cuillers, soit l’amazone inversée (la femme au-dessus, tournant le dos à l’homme : une position intéressante mais qui rend difficiles les échanges de regards). Enfin, une femme aux cuisses musclées pourra s’allonger sur le dos en surélevant les fesses, tandis que son partenaire se tiendra face à elle, à genoux. Qui a dit « Aïe » ?
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