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DENIS BOURGES POUR LE MONDE

Affaire des bébés nés sans bras : « Nous battre pour savoir, c’est notre devoir »

Par  (envoyée spéciale à Guidel (Morbihan))
Publié le 10 décembre 2018 à 06h24, modifié le 10 décembre 2018 à 14h34

Temps de Lecture 9 min.

Quand le maire est arrivé à l’hôtel de ville, des journalistes l’attendaient, venus de partout.

« Vous êtes au centre d’un scandale sanitaire. Vous en pensez quoi ? », attaque l’un, sans autre préambule. « Le genre de situation qui peut emporter une équipe et toute une ville, pense le maire, Jo Daniel. De quoi perdre les pédales. » La veille seulement, il a appris par la radio que Guidel, 12 000 habitants, dans le Morbihan, est l’une des trois bourgades de France où le nombre « d’agénésie transverse isolée d’un membre supérieur » s’est révélé bien plus important qu’ailleurs. Du même coup, l’édile a également appris ce que signifiait ce mot-là, comme toute la France d’ailleurs : une malformation congénitale, des enfants nés sans un avant-bras, avec une seule main ou sans doigts.

Mais l’affaire va plus loin : l’enquête sanitaire chargée de découvrir pourquoi cette anomalie rarissime s’est multipliée aurait été étouffée. « Ici, on ne va rien vous cacher », promet le maire, Jo Daniel. Il décide d’organiser une réunion publique, avec tous les acteurs locaux. Une folie, estiment certains.

Au bord de l’océan apparaît Guidel, toits d’ardoise, murs blancs, avec des hameaux et des chapelles éparpillés sur les coteaux plus loin. Son destin paysan a été bouleversé par une voie rapide : elle mène en treize minutes à Lorient, avec son TGV, son aéroport, son bassin d’emploi. Depuis, l’immobilier explose, le nombre d’habitants aussi, « des gens de bon niveau, appréciant le cadre de vie », explique-t-on à la médiathèque. Les touristes raffolent de la plage « label Surf » et battant pavillon bleu pour la qualité de l’eau. Bref, « on a un bel avenir si on ne fait pas les idiots », résume un commerçant.

Il reste des agriculteurs, bien moins que jadis, évidemment. Ils ont été les premiers montrés du doigt : « Il est très probable que ces malformations soient liées aux pesticides », a déclaré d’emblée Yannick Jadot, député européen écologiste. Depuis, chez Jean-Marc Le Clanche, représentant local de la chambre d’agriculture, c’est sa femme qui reçoit avec un lapidaire : « Comme d’habitude, ça nous retombe dessus. » A Guidel, certains redoutent qu’une réunion publique vienne bouleverser l’aimable équilibre des lieux.

« Il lui manque des doigts »

Dans l’affaire, l’autre particularité locale tient à ceux qui l’ont découverte : les parents des enfants eux-mêmes. Ni l’hôpital de Lorient, où toutes les naissances ont pourtant eu lieu, ni le registre breton des malformations chargé de les répertorier ni les autorités sanitaires n’avaient bougé.

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