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Les arrière-cuisines de la « start-up nation »

Derrière leur côté glamour, les start-up sont de fragiles PME en mal de clients et de trésorerie. L’écrasante majorité des jeunes pousses ne survit pas plus de deux ans.

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Publié le 21 février 2018 à 06h42, modifié le 21 février 2018 à 14h35

Temps de Lecture 7 min.

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Ne dites surtout pas à Karim Essemiani qu’il dirige une start-up. « Ça rime trop avec cool attitude, baby-foot et levée de fonds… » Gwenneg, la plate-forme de crowdfunding qu’il a fondée en 2015 à Rennes, est une « TPE », une très petite entreprise. Elles sont 9 400 en France aujourd’hui selon la French Tech. Un chiffre qui a augmenté de 30 % entre 2012 et 2015.

Mais ce ne sont pas ces statistiques que scrute Karim Essemiani. Il leur préfère ses « métriques » : volume d’activité, chiffre d’affaires, effectifs clients… « Dans la tech comme ailleurs, on ne meurt pas parce qu’on a une mauvaise idée, mais parce qu’on a une mauvaise trésorerie », répète-t-il. Au diable les « like ». C’est souvent faute de business model que les jeunes pousses échouent. « Je suis fatigué d’entendre “crée ta boîte, crée ta boîte”. C’est une connerie. On jette nos jeunes dans la gueule du loup ! »

Le patron aux fines lunettes bleu mat a beau passer son temps avec des entrepreneurs innovants, il ne fait pas partie des croisés de la « Start-up Nation ». Il en connaît trop les arrière-cuisines. Derrière le glamour et les opportunités, la casse est énorme. « On met www et les gens voient des dollars. » Or, l’écrasante majorité des jeunes pousses ne survit pas plus de deux ans. Et 10 à 20 % seulement passeraient le cap des cinq printemps.

Des entreprises fragiles

Certes, l’échec a ses vertus. Les conférences FailCon sont là pour les chanter, façon thérapie collective. Mais se planter, c’est d’abord douloureux. Parfois même, on ne s’en relève pas. Ce n’est pas un hasard si les récits post-mortem à la première personne, comme ceux publiés en mai 2017 sur le site Kissmyfrogs, sont si rares. On peut y lire le témoignage de Bertier Luyt, fondateur du FabShop, qui s’est retrouvé en liquidation judiciaire en 2016. « J’ai tout perdu, confiait-il : mes investissements et ceux de mes partenaires, ma maison, ma voiture… (...) Ma vie tient dans un conteneur sur le port de Saint-Malo. »

Le grand loto des levées de fonds a meilleure presse. Les tours de table ont battu des records l’an passé : 2,5 milliards d’euros engrangés, dont 1,5 milliard pour les start-up du numérique, selon Capgemini Consulting et eCap Partner. Et c’est sans compter les aides publiques à l’innovation, qui avoisinent 10 milliards d’euros. Pour les incubateurs, pépinières et autres accélérateurs, les affaires sont excellentes. L’écosystème français a mûri.

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