« Pas de déménagement à Saclay sans ligne 18 » : les étudiants d’AgroParisTech se sont mobilisés, mercredi 28 mars, sur le site historique de l’école à Paris, rue Claude-Bernard, afin de demander un report du projet de déménagement de leur école, prévu en 2021. L’arrivée du métro ayant été repoussée, le mois dernier, de 2024 à 2027, ils dénoncent un problème grave d’accessibilité.
L’embryon de cette Silicon Valley à la française, lancée sous la présidence de Nicolas Sarkozy et soutenue par François Hollande et Emmanuel Macron, souffre déjà de problèmes de transports en commun – saturés – qui pourraient devenir critiques. Afin d’accéder au quartier de Polytechnique, par exemple, où d’autres écoles d’ingénieurs commencent à se regrouper, il faut compter une bonne heure depuis le centre de Paris. Par le RER B, jusqu’à Massy-Palaiseau, puis par les bus de la ligne 91-06, dont le cadençage toutes les quatre minutes aux heures de pointe s’avère déjà insuffisant : « Le matin, il y a plusieurs files de gens qui attendent de pouvoir monter dans le bus, et on y est un peu serrés comme des sardines », explique un cadre d’une grande école, qui l’emprunte depuis plusieurs années.
Autre option : descendre quelques stations de RER plus loin, à Lozère, puis prévoir vingt minutes de montée au milieu des arbres, sur une pente parfois raide. « Je réfléchis à deux fois avant de retourner chez moi… », glisse ainsi Olivier Supplisson, qui l’emprunte chaque jour entre l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae) et son domicile proche de la station de RER. L’accès a même dû être fermé quelques jours lors de l’épisode de neige et verglas de février, tout comme l’école.
Manque de commerces
Sur le plateau, la saturation des transports est déjà évidente, au quotidien, pour les personnels et les désormais 10 200 étudiants – 4 000 sont arrivés en septembre à la faveur du déménagement de CentraleSupélec et de l’Ensae. Non sans quelques déconvenues. Installé cet été dans sa nouvelle résidence étudiante, Simon Freyburger, élève de l’Ensae, a rapidement constaté qu’il lui fallait « deux heures pour aller acheter une baguette » : le premier commerce est accessible à deux lointaines stations de bus, lequel, même pendant l’année, ne passe que toutes les trente minutes le week-end. Il a donc créé l’association Manger à Saclay. A son initiative et après de longues négociations, un camion d’Auchan Direct vient désormais livrer, chaque mercredi, les commandes alimentaires des étudiants. « Le campus et les logements sont construits, mais rien n’a été pensé pour les bars ou les commerces de proximité. Du coup, on a dû repartir de zéro et pallier le problème le plus pressant : la nourriture », explique le jeune homme.
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