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STX, une nationalisation avant tout politique

Editorial. En décidant de faire jouer le droit de préemption de l’Etat sur les chantiers navals de Saint-Nazaire, Emmanuel Macron réalise un coup.

Publié le 28 juillet 2017 à 11h46, modifié le 28 juillet 2017 à 13h37 Temps de Lecture 2 min.

Chantiers navals de STX, à Saint-Nazaire, le 27 juillet.

Editorial du « Monde ». Elu président, Jean-Luc Mélenchon l’aurait fait. Mais c’est le libéral Emmanuel Macron, qui se dit et de droite et de gauche, qui a décidé, jeudi 27 juillet, de nationaliser les chantiers navals de STX, à Saint-Nazaire. En faisant jouer le droit de préemption de l’Etat, élargi par un décret de 2014 à des secteurs stratégiques tels que le site nazairien, où peuvent être construites des coques de porte-avions, le président de la République opère un coup de force. Il empêche in extremis la cession de STX par son actionnaire majoritaire, un conglomérat sud-coréen, au numéro un de la construction navale en Europe, l’italien Fincantieri. En vertu d’un arrêt du tribunal de Séoul, elle devait intervenir samedi 29 juillet. M. Macron se pose en gardien des sept mille emplois des chantiers de Saint-Nazaire, dotés d’un copieux carnet de commandes pour les dix ans à venir.

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Il s’agit, certes, d’une nationalisation transitoire, du type de celles qu’avait préconisées Arnaud Montebourg pour les hauts-fourneaux de Florange (Moselle). L’Etat, déjà actionnaire à 33 % de STX, va débourser près de 80 millions d’euros pour empêcher Fincantieri de mettre la main sur un fleuron tricolore, alors que tant d’autres sont déjà passés sous un pavillon étranger. Il s’agit aussi de rechercher d’autres solutions industrielles. STX, a souligné Bruno Le Maire, ministre de l’économie, n’a pas « vocation à rester dans le giron de l’Etat ». Pour autant, M. Macron ne s’est pas converti au socialisme. Il n’est pas devenu un adepte de la socialisation des moyens de production, et il est plutôt tenté par de nouvelles privatisations. Mais le président est aussi un jacobin qui croit en la puissance de l’Etat et qui n’hésite pas à recourir ici à la force de frappe que lui permet la Constitution.

Cet acte d’autorité, très jupitérien, répond encore à la volonté du chef de l’Etat de défendre le patriotisme économique, qu’en son temps Dominique de Villepin avait mis en avant. Mais M. Macron brouille quelque peu son image européenne, alors qu’il combat le protectionnisme dans ses discours. Enfin, en invoquant la souveraineté française et en évitant le transfert du savoir-faire tricolore en Asie, compte tenu des liens entre Fincantieri et la Chine, Paris fait une nouvelle fois une mauvaise manière à l’Italie.

Un geste vers la gauche

Même s’il avait laissé entendre, le 31 mai, lors de la cérémonie de livraison du Meraviglia, à Saint-Nazaire, qu’il n’écartait pas une nationalisation de STX, M. Macron réalise un coup politique qui tombe particulièrement bien. Après une séquence marquée par une kyrielle de couacs, le dernier étant la baisse mensuelle de 5 euros de l’aide personnalisée au logement, sanctionnée par une première chute de sa cote de popularité, il fait un geste en direction de l’électorat de gauche. Il montre que, même avec un premier ministre et un ministre de l’économie de droite, son gouvernement peut prendre des décisions de gauche. Résultat : l’opposition de gauche et les syndicats applaudissent. Et à droite, Bruno Retailleau, président (LR) de la région Pays de la Loire, apporte son appui en jugeant qu’il s’agit d’« un enjeu stratégique et [d’]un enjeu d’emploi ».

A l’heure où plusieurs entreprises sont menacées de mettre la clé sous la porte – comme le montre l’interminable feuilleton de l’équipementier automobile GM & S –, la décision de M. Macron ne constitue pas une politique industrielle. Qui reste à définir.

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