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Rencontres d’Arles : un portrait de l’homme-machine

Matthieu Gafsou expose jusqu’au 23 septembre son travail clinique sur le transhumanisme, qui vise à augmenter nos capacités grâce à la technologie.

Par  (Arles)

Publié le 03 juillet 2018 à 16h00, modifié le 03 juillet 2018 à 17h16

Temps de Lecture 4 min.

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Matthieu Gafsou a photographié l’artiste Neil Harbisson, qui ne peut voir les couleurs et utilise cette prothèse pour les capter et les convertir en ondes sonores.

Sur les murs de la Maison des peintres, à Arles, s’alignent tout un tas d’objets indéfinissables en métal et en plastique, photographiés comme des ovnis. Les images de Matthieu Gafsou sont tellement cliniques et mystérieuses qu’on est presque surpris de découvrir en leur auteur un être souriant et chaleureux, à des années-lumière de son esthétique glacée.

Apprentis sorciers

Qu’il travaille sur les rites catholiques ou les drogués de la région de Lausanne, ce photographe suisse de 36 ans a toujours veillé à mettre son objet à distance, à créer de l’étrangeté dans ses images pour mieux interroger la réalité qu’elles recouvrent. Pour son nouveau projet, H +, exposé aux Rencontres d’Arles, il n’a pas eu à forcer sa nature : le monde auquel il s’attaque, entre cyborgs et souris phosphorescentes, se prête particulièrement bien à ce traitement elliptique et distancié.

Le transhumanisme est un mot qui charrie toute une imagerie de science-fiction. Ses partisans pensent qu’il est possible – et souhaitable – de dépasser les limites de la condition humaine à l’aide de la technologie. Prothèses, implants, modifications génétiques… Entre ceux qui veulent se faire cryogéniser dans l’espoir d’être ressuscités et ceux qui veulent télécharger les données du cerveau à l’extérieur du corps, ils sont souvent dépeints comme des doux dingues ou des apprentis sorciers.

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Pourtant, dans l’exposition, l’image géante qui vous saisit à l’entrée est d’une banalité confondante : on y voit, en gros plan, une bouche ouverte sur un appareil dentaire. Sauf que la photographie, par sa taille, a quelque chose d’effrayant : la scène détaille un à un les poils du nez et donne à ces dents dotées de fils de métal des allures de machine de guerre menaçante. « On a une vision totalement futuriste du transhumanisme, explique Matthieu Gafsou, mais c’est plus compliqué que l’image caricaturale du cyborg. Nous sommes depuis longtemps dans une dépendance totale à la technique. »

« Prothèses chimiques »

Sous son objectif, lentilles de contact, stérilet et pacemaker ne sont finalement pas beaucoup moins futuristes que les exosquelettes ou les puces implantées sous la peau. Les téléphones portables sont là aussi, « prothèses mémorielles » devenues indispensables à nos existences. Et le photographe de rappeler que l’idée d’un homme-machine est ancienne : « Descartes avait une vision de l’homme comme étant fait de deux entités totalement séparées. La seule chose noble étant l’âme, qui commande au corps. » Une conception à rapprocher de celle des transhumanistes, « pour qui le corps, même lorsqu’il est sain, est par nature une chose imparfaite, non accomplie ».

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