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Stop au « concours Lépine du recul de l’âge de la retraite »

Dans une tribune au « Monde », François Desriaux, expert mutualiste de la santé au travail, rappelle que le préalable à l’allongement des carrières est d’obliger les entreprises à préserver la santé de leurs salariés, en forte dégradation

Publié le 02 avril 2019 à 17h56, modifié le 02 avril 2019 à 17h56 Temps de Lecture 5 min.

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« Agnès Buzyn a ouvert le bal en affirmant le 17 mars qu’elle n’était pas hostile à un report de l’âge de départ » avant de faire un pas en arrière (La ministre de la santé, Agnès Buzyn, le 1er avril à l’Elysée).

Tribune. Depuis la mi-mars, on assiste à un véritable concours Lépine du recul de l’âge de la retraite. Comme si les ministres et les responsables politiques s’étaient donné le mot pour faire tourner en bourrique ce pauvre Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la réforme des retraites. Chacun y est allé de sa petite phrase, le mettant en porte à faux vis-à-vis des partenaires sociaux avec qui il essaye de pacifier le débat pour bâtir un projet de refonte du système… sans toucher à l’âge minimum de départ de 62 ans comme s’y était engagé le président de la République.

C’est la ministre de la santé, Agnès Buzyn, qui a ouvert le bal en affirmant le 17 mars qu’elle n’était pas hostile à un report de l’âge de départ. Puis, les poids lourds de la majorité lui ont emboîté le pas sur la piste de danse. 63, 64, 65 ans même pour le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. Qui dit mieux ?

Mesure socialement injuste

Jusqu’à l’Elysée, où on a fait savoir que, finalement, cette idée d’un report de l’âge de départ était bien envisageable. C’est bien connu, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent.

Pourtant, à en croire le Comité de suivi des retraites, financièrement, le système n’est pas gravement menacé. Et même, vers 2035, à la fin des effets du baby-boom, la progression des dépenses de pensions va se ralentir…

C’était sans compter sur le grand débat et le souhait exprimé par les Français-es d’être mieux couverts-es pour le risque dépendance. Quand on sait que son besoin de financement s’élève à 9 milliards d’euros et que le recul d’un an de l’âge de la retraite rapporterait, affirme-t-on, 10 milliards, l’équation a été vite trouvée ! Comme quoi, il y a des promesses qui ont la peau plus dure que d’autres. Ainsi, celle de raboter le compte personnel de prévention de la pénibilité faite aux patrons a-t-elle mieux tenu que celle de ne pas toucher à l’âge de départ en retraite faite aux syndicats… Chacun appréciera.

Mais, du point de vue de la santé au travail, l’inverse eût été plus cohérent.

Tout d’abord, le recul de l’âge minimum de départ en retraite est une mesure socialement injuste car elle pénalise essentiellement les salariés qui ont commencé à travailler plus jeunes. Ce sont souvent eux qui ont occupé les métiers les plus pénibles et qui devront, du même coup, travailler plus longtemps, alors qu’ils ont l’espérance de vie la plus courte. Selon une enquête de l’Institut national des études démographique (Ined) publiée en 2008, les ouvriers vivent six ans de moins que les cadres et dix ans de moins sans incapacité. Une injustice sociale majeure qui ne semble pas préoccuper l’actuelle majorité.

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