François Dubanchet, ancien maire de Saint-Etienne, est mort dans « sa » ville, mardi 26 mars, à l’âge de 95 ans. Bien que né sur l’une des sept collines de Saint-Etienne, dans le quartier ouvrier de Côte-Chaude, il s’en référait souvent au « bon sens paysan » dans la gestion de sa ville. Avant d’être propulsé sur la scène politique stéphanoise en 1971, dans l’ombre de Michel Durafour, il mène l’essentiel de sa carrière professionnelle à la chambre d’agriculture de la Loire, dont il est le directeur. Au contact de ces paysans, il cultive son personnage bonhomme, madré. De ses années de compagnonnage agricole, il avait conservé un certain art de vivre : pétrir le pain dans le four familial ou confectionner des confitures maison, tout en racontant des histoires, le buste incliné vers son interlocuteur pour mieux capter son attention et emporter son adhésion.
Alors qu’il n’était encore que le simple maire de Saint-Victor-sur-Loire, François Dubanchet perçut tous les avantages qu’il pouvait tirer d’un mariage de cette commune des gorges de la Loire avec Saint-Etienne. Il s’attache, avec le concours de prêts bancaires, à la doter d’équipements sportifs dignes d’une station balnéaire, à la parer pour attirer l’œil de Michel Durafour, qui devient son tuteur politique. Les deux communes, pourtant non frontalières, fusionnent, Saint-Etienne gagnant ainsi une façade fluviale.
En 1971, François Dubanchet se glisse dans le fauteuil de premier adjoint au maire de Saint-Etienne, Michel Durafour qui, nommé ministre du travail (1974-1976) de Valéry Giscard d’Estaing, s’éloigne de sa ville. François Dubanchet profite de ses absences pour consolider son image de gestionnaire et son réseau de relations. « Ce fut un très bon régisseur », estimait Michel Durafour en souvenir de cette période. En 1974, François Dubanchet est élu conseiller général, puis sénateur.
Déboires judiciaires
Après avoir rompu avec son mentor, il reconquiert la mairie de Saint-Etienne en 1983 après le mandat du communiste Joseph Sanguedolce. Désormais seul maître à bord à l’hôtel de ville, ce démocrate-chrétien qui se qualifie de « dernier des MRP » abandonne le Palais du Luxembourg pour se consacrer pleinement à la municipalité. Avec autorité. Ecartant toute contradiction. N’hésitant pas à reléguer l’un de ses adjoints à la culture indiscipliné à la délégation du marché aux bestiaux.
En onze ans, l’édile amorce la reconversion de la ville, transforme l’ancien siège de Manufrance en un campus polyvalent avec le relais financier du promoteur parisien Christian Pellerin, crée un golf municipal sur une ancienne décharge, ouvre le Musée d’art moderne avec le soutien sans borne de Jack Lang, et le Musée de la mine sur le carreau du puits Couriot, lance la Fête du livre de Saint-Etienne avec pour premier parrain le philosophe et écrivain d’origine stéphanoise Jean Guitton. Il se tourne aussi vers Lyon. Ce rapprochement se double d’une affection pour Michel Noir qu’il rebaptise « le primat des Gaules ».
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