Le combat des jeunes Argentines pour la légalisation de l’avortement
La légalisation de l’avortement, qui a été adoptée par les députés, est discutée mercredi 8 août au Sénat. Les jeunes Argentines jouent un rôle crucial dans cette lutte.
Publié le 07 août 2018 à 11h01, modifié le 08 août 2018 à 12h22
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Elles ont entre 13 et 18 ans, utilisent le langage inclusif dans leur vie de tous les jours, mettent des paillettes vertes sur leurs paupières et n’ont de leçons à recevoir de personne. Lors du débat sur la légalisation de l’avortement en Argentine, qui doit être mené mercredi 8 août par le Sénat, les adolescentes ont joué un rôle crucial en sortant dans les rues, en attachant à la lanière de leurs sacs à dos le foulard vert symbole du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et en bousculant leurs aînés pour exiger ce qui leur semble naturel : le droit à disposer de leurs corps.
Elles ne demandent pas, elles exigent : « Les filles ont déjà choisi, avortement légal maintenant ! » Avant le vote des députés en première lecture, le 14 juin, une dizaine d’établissements scolaires ont été occupés par leurs élèves.
Leur idole a 18 ans. Ofelia Fernandez, ancienne élève du lycée Carlos-Pellegrini, un établissement de l’élite intellectuelle, est intervenue le 29 mai devant les députés lors des débats sur le projet de loi, dans un discours vibrant qui a marqué les esprits.
« Il va falloir vous faire à l’idée que nous voulons un autre genre de vie », avait lancé Ofelia Fernandez, 18 ans, face aux députés
Foulard vert au cou, la jeune fille donne rendez-vous au Monde dans un bar. Son discours est radical, sans concessions. « Il va falloir vous faire à l’idée que nous voulons un autre genre de vie (…). L’avortement clandestin existe et tue, les femmes pauvres et les hommes trans meurent ! », avait-elle lancé aux députés. Elle le répète aujourd’hui : le droit à l’avortement s’inscrit dans un cercle plus large de revendications. En creux, c’est le droit au plaisir des femmes, à leur autonomie et la critique d’une « sexualité hégémonique et hétéronormée », dit-elle, qui sont en jeu.
Encore plus jeune, Cloe Barrios Samuel, 13 ans, est féministe depuis ses 11 ans. « Dans quelques années, nous pourrons voter, et nous nous souviendrons ! », affirme-t-elle. Elève du collège public Mariano-Acosta, aussi connu pour son niveau d’excellence, elle affirme qu’elle ne votera jamais pour quelqu’un qui s’est opposé à la loi.
Une journaliste du quotidien Pagina/12, Luciana Peker, parle d’une « révolution des filles ».« Les Incroyables Hulk d’Argentine n’ont pas une overdose de muscles, elles mettent des paillettes contre l’invisibilisation historique du machisme », a écrit cette spécialiste du genre. Ofelia Fernandez va plus loin : « La plupart de nos aînés apprennent de nous », glisse-t-elle, un brin provocatrice. De fait, des députés ont reconnu que leur position sur l’avortement avait changé grâce à leurs filles.
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