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Les réactions politiques aux annonces de Macron : « Miettes de pain », « usines à gaz »

Les « gilets jaunes » appellent à de nouvelles manifestations, l’opposition lui donne rendez-vous dans les urnes pour les élections européennes le 26 mai.

Le Monde avec AFP et Reuters

Publié le 25 avril 2019 à 23h01, modifié le 26 avril 2019 à 07h21

Temps de Lecture 5 min.

Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse dans la salle des fêtes de l’Elysée, le 25 avril.

Emmanuel Macron s’est défendu d’avoir fait « fausse route », mais a promis une « nouvelle méthode » pour « lever beaucoup de malentendus », multipliant les annonces fiscales, sociales et institutionnelles, jeudi 25 avril, lors d’une grande conférence de presse à l’Elysée.

Lors de cet exercice, inédit depuis son élection en mai 2017, devant quelque trois cent vingt journalistes, le chef de l’Etat a salué les « justes revendications à l’origine » du mouvement des « gilets jaunes » qui a profondément bouleversé le quinquennat depuis le 17 novembre 2018. Pourtant, il ne les a pas convaincus.

« Quelques miettes de pain »

« Il n’a pas écouté ce qu’on a dit dans la rue depuis cinq mois », a déploré Maxime Nicolle, l’une des figures des « gilets jaunes ».

« Il vient de balancer quelques miettes de pain comme la réindexation des retraites. »

Parmi les regrets : l’écartement du référendum d’initiative citoyenne (RIC), qui est l’une des principales revendications du mouvement. « Simplement abaisser le seuil du référendum d’initiative populaire, c’est complètement inutile, il faut toujours l’accord du Parlement, s’est-il indigné. Tout est repoussé, tout est vague, rien n’est précis, donc samedi on lui montrera que nous aussi on sait faire les choses en profondeur et le 1er mai aussi. »

« Ça sonne creux. Au fond, il garde le cap », a réagi Jérôme Rodrigues, autre tête de gondole du mouvement. Lui aussi est très déçu des annonces sur la démocratie. « Il ne peut pas être le candidat du vote blanc forcément, ça lui enlèverait complètement l’ivresse du pouvoir », a-t-il ajouté. Quant à l’impôt sur le revenu, « il n’a pas annoncé plus de tranches donc on ne réduit pas les inégalités, a-t-il jugé. Et il n’y a rien eu sur la TVA [taxe sur la valeur ajoutée], alors que c’est une des premières revendications. »

Sur Twitter, Priscillia Ludosky, l’une des initiatrices du mouvement, a réagi en listant les dates des prochaines manifestations hebdomadaires jusqu’au 25 mai.

« Une série d’annonces, d’usines à gaz »

L’opposition n’est pas en reste. Le président des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, a déploré sur France 2 une accumulation de « petits gestes, de petites corrections des lourdes erreurs commises », assurant que « des compartiments entiers de Français ne sont pas concernés ».

Jean-Luc Mélenchon, député des Bouches-du-Rhône et chef de file de La France insoumise (LFI), a écrit sur Twitter : « Macron sait-il que son discours était censé conclure la crise politique ? Il vient de la relancer en se défilant. » Et si le chef de l’Etat « n’a rien compris aux attentes des Français, on lui réexpliquera le 26 mai ! », a lancé de son côté la tête de liste du mouvement pour les européennes, Manon Aubry.

Il n’y aura « pas d’acte II », en a conclu le patron du Parti socialiste, Olivier Faure. Raphaël Glucksmann, tête de liste de Place publique et du PS aux élections européennes, a pour sa part écrit, sur Twitter :

« Où est la vision à la hauteur de la crise sociale et de l’apocalypse écologique ? Certaines mesures sont bienvenues, d’autres non. Mais rien n’est au niveau du moment que nous traversons. Tout était dit à la 5e minute : pas de fausse route, pas de nouveau cap. »

« Les Français demandent un changement de politique. Le président répond : je continue et j’accélère », a critiqué Fabien Roussel, premier secrétaire du Parti communiste (PCF), tandis que Benoît Hamon (Génération. s) fustige un président qui « répond je radicalise, j’intensifie et j’accélère ma politique ».

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Sur BFM-TV, Jordan Bardella, la tête de liste du Rassemblement national (RN, ex-Front national) aux élections européennes, a déclaré n’avoir « pas compris un mot des solutions qu’il n’a pas proposées en réalité ». Il a dénoncé « une série d’annonces, d’usines à gaz, dont on n’a pas très bien compris d’ailleurs quelle allait être l’application concrète. »

Déception des écologistes

Les défenseurs du climat se sont montrés perplexes face aux annonces du président de la République pour répondre à l’« urgence climatique ». « Tout ça pour ça ! », dit Yannick Jadot, tête de liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV) pour les européennes : « On attendait un plan Marshall sur le climat (logement et renouvelables), une sanctuarisation des services publics (gares, maternités…) et des infrastructures vitales (aéroports, barrages…) », et à la fin, « rien ! ou si peu ».

« Plutôt que des mesures concrètes, le président annonce la création d’un nouveau comité. Décidément, le temps de l’action climatique, ce n’est pas encore pour aujourd’hui… », a dénoncé sur Twitter Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France.

Même son de cloche du côté de la Fondation Nicolas Hulot : « Nous appelions à un tournant social et écologique du quinquennat. Aujourd’hui, il est clair que le gouvernement ne changera pas de cap », a dénoncé l’ONG. « Je suis évidemment très déçu par l’absence de nouvelles mesures concrètes pour accélérer la transition écologique et solidaire », a écrit Matthieu Orphelin, député écologiste de Maine-et-Loire, ancien membre du groupe La République en marche (LRM).

« Il faut aller plus loin »

Pascal Canfin, numéro deux sur la liste LRM pour les élections du 26 mai, a salué « deux réformes clés » pour « accélérer la transition » : « la conférence de citoyens va permettre de sortir des blocages en partant de demandes concrètes » tant en matière de logement que de transports, et le « conseil de défense économique va rassembler les ministères clés pour la transition (économie, logement, agriculture…) ».

Les membres d’Agir, la droite constructive ont dit se « retrouver dans les grandes orientations proposées » mais se disent également « convaincus qu’il faut aller plus loin, et proposer à nos concitoyens une vraie refondation, un nouveau modèle économique social et environnemental, un nouveau projet de société ».

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a regretté qu’Emmanuel Macron n’ait pas entendu « le ras-le-bol fiscal des artisans » et des petites entreprises en annonçant la suppression de niches fiscales pour les sociétés afin de financer la baisse de l’impôt sur le revenu. « Peu de mesures concernent directement les entreprises sauf l’augmentation d’impôt dissimulée sous le terme ambigu de suppression des niches fiscales des entreprises », a réagi l’organisation.

Les annonces sont avant tout « cosmétiques » selon la CGT, tandis que la CFDT y voit des mesures positives, mais pointe des insuffisances, notamment sur l’écologie.

« Les annonces du président de la République confirment la mise en place de mesures qui ne sont pas à la hauteur des exigences portées par les différents mouvements sociaux qui secouent le pays ces derniers mois », écrit la CGT dans un communiqué. Quant à la CFDT, elle note que « le président a infléchi son discours sur plusieurs points et montré une volonté de prendre en compte les réalités vécues ». « Mais il manque des annonces fortes et engageantes face à l’urgence écologique », regrette la centrale, qui souligne également « qu’aucune mesure ne concerne les hauts revenus et les plus gros patrimoines ».

Le Monde avec AFP et Reuters

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