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LVMH décuple ses capacités de production de lunettes

Le numéro un mondial du luxe a inauguré sa première usine de lunettes, à Longarone, en Vénétie, en partenariat avec l’italien Marcolin

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Publié le 24 avril 2018 à 16h13, modifié le 25 avril 2018 à 11h10

Temps de Lecture 3 min.

A l’usine Thélios, à Longarone (Vénétie) mardi 24 avril.

LVMH a inauguré, mardi 24 avril, sa première usine de fabrication de lunettes de soleil à Longarone, dans la province de Belluno, en Vénétie. Ce site de 8 000 m² est né de la création de Thélios, joint-venture monté en 2017 avec l’italien Marcolin, numéro trois mondial de la lunetterie.

Un an après avoir inauguré une usine Bulgari, à Valenza, dans le Piémont, le groupe français aux 42,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires poursuit ainsi ses investissements en Italie, en se dotant d’un 23site de production dans le pays. « Sur les cinq dernières années, LVMH a investi 600 millions d’euros en Italie et multiplié par deux ses effectifs, les portant à 9 500 personnes », a fait valoir Antonio Belloni, directeur général délégué de LVMH, lors de l’inauguration officielle à laquelle Le Monde était invité.

L’usine de Longarone emploie 245 salariés. Elle pourrait être agrandie de « 10 000 m² supplémentaires, pour porter sa capacité de production à 4 millions de paires par an [contre 1 million aujourd’hui] », a précisé Giovanni Zoppas, PDG de Thélios.

« Une paire est devenue un accessoire de mode »

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LVMH, numéro un mondial du luxe, veut aller vite. Il le faut. Evalué à 95 milliards d’euros, le marché des lunettes est bousculé par de nouveaux comportements d’achat fort prometteurs. « Une paire est devenue un accessoire de mode », observe Jean-Baptiste Voisin, directeur de la stratégie de LVMH. C’est notamment le cas sur le segment des lunettes de soleil de luxe à plus de 200 euros, dont les ventes sont évaluées à 13 milliards d’euros dans le monde.

Les perspectives du marché sont jugées alléchantes. A l’heure des selfies narcissiques et du « toute ma vie est sur Instagram ou WhatsApp », les jeunes adorent le look qu’apporte une belle paire de lunettes. S’acheter une paire Dior ou Gucci est souvent leur premier achat d’un produit de luxe.

La tendance est à l’œuvre en Europe et aux Etats-Unis. A la tête de Ray-Ban, Persol et des licences Chanel et Burberry, le numéro un mondial Luxottica « est le premier à avoir fait basculer la lunette de l’univers médical à celui de la mode », rappelle Cédric Rossi, analyste au sein de la banque Bryan, Garnier & Co. En Europe, les ventes sont désormais stables, tandis qu’outre-Atlantique elles progressent « légèrement », selon le PDG de Thélios. Tous les fabricants se tournent désormais vers les pays émergents où les jeunes se convertissent aux lunettes solaires pour se protéger des rayons ultraviolets, en faisant fi des ombrelles et visières de leurs aînés. « L’Asie est une locomotive », reconnaît M. Zoppas.

Production en interne

Depuis, les groupes de luxe revoient leur mode de fabrication, abandonnent les contrats de licences qu’ils accordaient à des fabricants et leur préfèrent une production en interne, pour mieux en contrôler la distribution et s’accorder des marges plus confortables. « Quand ce segment ne pesait que 2 % des revenus d’une marque de luxe, contrôler l’ensemble de la chaîne de valeur ne présentait que peu d’intérêt. Il en est tout autrement aujourd’hui », décode M. Rossi.

En 2015, Kering, rival de LVMH, avait ouvert le bal. Le groupe français de luxe a créé Kering Eyewear pour produire les montures de ses marques à Padoue, berceau de la lunette « made in Italy ». Puis, il a pactisé avec son concurrent Cartier pour reprendre son usine de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) et ses équipes de vente, contre une entrée au capital de cette nouvelle filiale. A la tête d’un chiffre d’affaires de 272 millions d’euros, cette filiale est chargée désormais de la fabrication des modèles d’une quinzaine de marques, dont Gucci et Balenciaga.

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L’émergence de ce nouvel acteur et l’offensive de LVMH interviennent alors que Luxottica devrait boucler, fin mai, son rapprochement avec le français Essilor pour 48 milliards d’euros, à la suite de l’aval des autorités européennes et américaines de la concurrence. Ce nouvel ensemble rebat les cartes et relance les spéculations sur un nouveau mouvement de consolidation.

LVMH pourrait-il y contribuer ? M. Belloni dément tout projet de monter au capital de Marcolin, dont, depuis la création de Thélios, il détient 10 % du capital, aux côtés du fonds PAI, son actionnaire majoritaire depuis 2012. « La consolidation va se poursuivre », prétend cependant M. Rossi, en évoquant le sort compliqué de l’italien Safilo. Le numéro deux du marché mondial a perdu les licences de Kering. Et les montures Dior, Fendi et Marc Jacobs, trois marques de LVMH, pourraient bientôt aussi lui échapper. Car l’usine Thélios devrait en hériter, du moins à l’échéance des contrats qui lient LVMH et Safilo jusque respectivement 2020, 2021 et 2024. Les ateliers se font, pour l’heure, la main, sur de moindres volumes, en fabriquant les collections Céline, avant celles de Fred fin 2018 et de Loewe en 2019.

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