La ZAD (zone à défendre), laboratoire de l’architecture de demain ? L’idée est soutenue avec ferveur par un collectif d’architectes, de paysagistes, d’urbanistes, de penseurs et de citoyens qui ont publié le 6 avril une tribune sur le site de Mediapart intitulée « Comme à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, défendons d’autres manières d’habiter », suivie d’une conférence de presse le 11, au lendemain de l’offensive des gendarmes et CRS sur le site de Loire-Atlantique. Révoltés par la violence des affrontements entre zadistes et forces de l’ordre et par la destruction des formes de vie et d’habitations qui avaient émergé sur place, les signataires – parmi lesquels l’architecte Patrick Bouchain et le paysagiste Gilles Clément – défendent la ZAD comme un laboratoire du futur. Un terrain d’expérimentations pour de nouvelles manières d’habiter, de travailler, de cultiver la terre, de bâtir, de vivre ensemble, dans le contexte actuel d’épuisement des ressources…
Du point de vue de l’architecture, cette voie vers la transition écologique se traduit selon eux par une grande variété de constructions et une remarquable inventivité : « Ce sont des corps de ferme rénovés lors de grands chantiers collectifs, de nouveaux hangars agricoles aux charpentes impressionnantes ; c’est aussi la force poétique des nombreuses cabanes dans les arbres, au milieu d’un lac, au coin d’une friche, ou d’un champ (…), écrivent-ils. Hors norme, multiples, divers, poétiques, adaptés, bidouillés, légers, sobres, précaires, faits de matériaux locaux ou de réemploi, en terre, en bois, en paille ou en récup, ces constructions répondent à leur échelle aux enjeux écologiques et énergétiques, à rebours du monde que l’industrie du béton et de l’acier est en train de construire partout sur la planète. »
Nicola Delon, architecte : « On est à l’opposé de la modernité aseptisée des hôtels Ibis ou des maisons qui s’alignent en rang d’oignons dans les périphéries, où l’on vit replié sur soi-même »
Des préoccupations qui sont, de fait, au fondement d’un courant de l’architecture contemporaine sensible aux questions environnementales et sociales. Commissaire du pavillon français de la prochaine Biennale d’architecture de Venise, l’agence Encore Heureux en est une des têtes de pont. Nicola Delon, un de ses fondateurs, a signé la tribune. Marqué par ses visites à la ZAD, il défend la vitalité de ce lieu où, selon lui, s’élaborent, « avec un souci de justesse constant », des réponses concrètes aux cris d’alarme des scientifiques à une « morbidité angoissante » qui sourd dans la campagne française.
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