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Manuel Valls « étudie » une candidature à la mairie de Barcelone

L’ancien premier ministre français, ardent contempteur des indépendantistes, a déclaré qu’il réfléchissait à la proposition du parti centriste Ciudadanos.

Par  (Madrid, correspondance)

Publié le 20 avril 2018 à 11h59, modifié le 21 avril 2018 à 06h37

Temps de Lecture 3 min.

Manuel Valls, à l’Assemblée nationale, en novembre 2017.

Si la candidature de Manuel Valls pour prendre la tête de la mairie de Barcelone, sous les couleurs du parti libéral et « unioniste » Ciudadanos (« Citoyens ») se confirme, ce serait un coup de maître de son président Albert Rivera. L’ancien premier ministre français, né dans la capitale catalane, a reconnu, vendredi 20 avril, qu’il « étudiait » la possibilité de participer aux élections municipales avec Ciudadanos.

« Continuer à participer au débat sur l’indépendantisme m’intéresse, et je vais étudier cette possibilité », a répondu Manuel Valls durant l’interview qu’il a accordée sur la chaîne TVE.

L’ancien premier ministre socialiste français est devenu l’une des voix européennes à s’élever avec le plus de force contre l’indépendantisme catalan et à défendre « la démocratie espagnole », s’exprimant régulièrement en faveur de la remise à l’Espagne de l’ancien président catalan Carles Puigdemont, sous le coup d’un mandat européen pour « rébellion », et demandant que les décisions de la justice espagnole soient « respectées » en Europe.

Des prises de position fortes, claires et sans nuances qui lui ont valu d’être courtisé aussi bien par la droite que par la gauche, de participer à un meeting de Ciudadanos à Barcelone lors de la campagne pour les élections régionales du 21 décembre 2017, et de devenir le chouchou des médias espagnols.

« Le projet séparatiste est mort »

« Le projet séparatiste est mort avec la réponse du roi et de l’Europe, mais les idées indépendantistes vont perdurer et le processus sera long, car la société est très divisée », a déclaré l’ancien chef du gouvernement français durant l’interview, tout en se disant convaincu qu’à terme, la société catalane « dépasserait » ces divisions.

Espagnol de naissance, Manuel Valls a été naturalisé Français à l’âge de 20 ans. Depuis le traité de Maastricht, en 1992, les citoyens de l’Union européenne (UE) résidant dans un autre Etat membre que leur pays d’origine peuvent voter et présenter leur candidature aux élections municipales et européennes dans les mêmes conditions que les nationaux.

Ciudadanos, formation née en 2006 en Catalogne contre le nationalisme, a non seulement remporté les élections catalanes du 21 décembre 2017 (sans majorité pour gouverner), mais elle est donnée en tête dans tous les sondages en Espagne. Néanmoins ce succès, très récent, s’appuie essentiellement sur un discours très ferme contre les indépendantistes catalans et profite avant tout du fait que la question territoriale soit en première ligne de l’actualité.

Ciudadanos ne dirige ainsi aucune grande ville espagnole, n’a pas d’expérience de gestion ni de gouvernement significative, doute régulièrement sur ses prises de positions idéologiques, se guidant essentiellement sur les sondages pour se définir, et manque de cadres expérimentés. Raison pour laquelle Manuel Valls serait un atout incontestable pour gagner en crédibilité devant les électeurs réticents du fait du manque d’expérience du parti.

« Talent »

En début d’après-midi, le président de Ciudadanos, Albert Rivera, a confirmé lors de son université de printemps à l’Escorial que Manuels Valls « envisage d’être candidat à une élection espagnole, dans ce cas à Barcelone ». Le dirigeant libéral de 39 ans a reconnu qu’il faudrait respecter le règlement qui impose des primaires, tout en insistant sur son souhait « d’ouvrir les portes au talent ».

« Nous allons nous battre pour gagner les élections, et bien sûr, une personne du niveau de Manuel Valls, ancien premier ministre, un démocrate, un ami de l’Espagne et de l’Europe, une personne qui a défendu ces valeurs en pleine crise du séparatisme catalan, mérite tout le respect possible. »

Depuis octobre 2017, l’ex-premier ministre a trouvé en Espagne une part de l’influence qu’il a perdue en France. « La Catalogne, sans l’Espagne, n’est pas la Catalogne », avait-il notamment déclaré. Ces propos ne plaisent pas aux indépendantistes catalans, qui voient Manuel Valls comme un opportuniste, jacobin et botifler (« traître à la Catalogne «). Mais lui ont attiré reconnaissance et popularité chez les « constitutionnalistes ».

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Jeudi 19 avril, il débattait encore avec l’ancien président du gouvernement socialiste, Felipe Gonzalez, dans le cadre d’une conférence organisée par le quotidien El Pais. Et le 23 avril, l’association antinationaliste Société civile catalane (SCC) lui décernera son prix du « bon sens », ainsi qu’au président du Parlement européen, Antonio Tajani.

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Au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), ce possible recrutement fait grincer des dents. « Les temps changent. Manuel Valls a abandonné depuis longtemps le Parti socialiste », a commenté le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, insistant sur le fait que son « projet politique n’est pas celui que défend » M. Valls, bien qu’il l’ait toujours soutenu lorsqu’il était à Matignon.

Pour le PSOE et pour le Parti populaire du chef du gouvernement Mariano Rajoy, qui observent dans les sondages une fuite de leurs électeurs vers Ciudadanos, ce possible recrutement d’un ancien premier ministre français n’est pas de nature à rassurer.

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