Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« L’université n’est pas la solution pour tout le monde »

Dans une tribune au « Monde », le juriste Olivier Beaud et le sociologue François Vatin estiment qu’il faut offrir des alternatives à ceux qui n’ont pas réellement le désir de mener des études supérieures.

Publié le 11 septembre 2017 à 10h21, modifié le 11 septembre 2017 à 15h28 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Sergueï

TRIBUNE. L’actuel gouvernement semble désireux de poser enfin le problème de l’entrée à l’université. Emmanuel Macron a eu le courage d’affirmer dans Le Point : « Nous ferons en sorte que l’on arrête de faire croire à tout le monde que l’université est la solution pour tout le monde. »

Une telle position rompt avec trente ans d’immobilisme. On a généralisé le baccalauréat comme diplôme de fin d’études secondaires sans mettre en cause son statut de premier grade universitaire donnant accès aux études de licence. Mais on ne s’est pas interrogé sur les besoins et les motivations d’une large partie du public qui entre à l’université sans avoir les capacités de poursuivre des études supérieures longues et même sans en avoir le désir. Comment peut-on penser que les bacheliers professionnels, dont le taux de réussite en licence en quatre ans (en comptant une année de redoublement), est d’environ 5 %, s’inscrivent à l’université avec un réel projet d’études ?

En manque de réels étudiants

Il faut bien comprendre la nature de la crise : l’université française est en fait en manque de réels étudiants, car elle a été désertée par la fraction de la population bachelière en capacité de mener des études longues. Prenons le baccalauréat scientifique, qui représente aujourd’hui la moitié des effectifs du baccalauréat général : seuls 20 % de ces bacheliers s’inscrivent en premier cycle universitaire – hors première année de médecine, qui est une année de préparation au concours d’entrée en deuxième année.

Si on se limite aux mentionnés (60 % d’entre eux), on peut diviser ce chiffre par deux ! La dégradation du premier cycle s’est diffusée à l’ensemble des cursus, car les universités peinent à récupérer, en master, le public qui a choisi une autre filière en première année. Cela s’est traduit par une croissance exponentielle de l’enseignement supérieur privé, qui accueille aujourd’hui environ 20 % des étudiants français.

Quel paradoxe qu’une université surchargée en apparence, désertée en fait ! A la fin des années 2000, la situation s’est aggravée avec la crise économique qui a conduit à un nouvel afflux d’étudiants. Aussi, certaines filières « explosent » en première année. Or, depuis la loi LRU de 2007, l’Etat ne finance plus les universités au prorata du nombre d’inscrits ; il peut difficilement leur imposer d’accueillir des étudiants sans limite. On a donc tiré au sort, au risque de refouler des étudiants désireux et capables de mener à bien des études supérieures longues, au profit d’autres dont on était sûr qu’ils ne franchiraient pas la barre de la première année !

Il vous reste 48.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.