Mauvaise nouvelle pour Rosatom, l'agence fédérale de l'énergie atomique russe : son projet phare, une centrale nucléaire flottante, vient de faire l'objet d'une saisie par un tribunal de Saint-Pétersbourg dans le cadre d'une procédure de recouvrement touchant le chantier naval de la Baltique, propriété de l'oligarque Sergueï Pougatchev, par ailleurs actionnaire principal du quotidien français France Soir.
La barge nucléaire, baptisée Académicien-Lomonossov, n'a pas eu le temps de fournir ses premiers mégawatts (MW) nucléaires, les nombreux créanciers du chantier naval qui l'a construit en ont déjà obtenu la saisie. Rosatom a aussitôt fait appel de cette décision, faisant valoir les fonds investis sur le navire, soit 236 millions d'euros.
Cette saisie vient contrarier les ambitions de Rosatom, qui caresse le projet de construire cinq ou six bateaux-centrales afin d'alimenter en chauffage et en électricité les régions les plus éloignées de la Fédération de Russie. Rosatom, qui détient 22 % du marché mondial de la construction de centrales nucléaires, compte aussi exporter ses barges atomiques vers l'Asie (Chine, Indonésie, Corée du Sud) et vers l'Afrique (Cap-Vert, Namibie).
L'idée de construire des mini-centrales flottantes, clés en main, est un peu l'Arlésienne du secteur nucléaire russe. Etudiée depuis les années 1980, elle a mis longtemps à se concrétiser. Depuis 2006, Rosatom compte bien un département des centrales nucléaires flottantes, sans grands résultats. En 2010 enfin, un prototype a été mis à l'eau : l'Académicien-Lomonossov.
Imaginez une plateforme équipée de deux petits réacteurs nucléaires du type de ceux propulsant les brise-glace, capables de produire 80 MW d'électricité. Ancré à quai, relié par câbles aux consommateurs, il pourrait fournir des dizaines de milliers de foyers, casernes, usines, plateformes pétrolières et gazières. Les responsables de Rosatom en sont persuadés : ces unités de production sur mer sont sûres. En cas de tsunami ou de tornade, il leur suffirait de lever l'ancre pour aller s'abriter plus loin.
"Toutes les situations d'urgence ont été étudiées. Les tests ont commencé à l'époque de l'URSS", a expliqué à l'agence Reuters Andreï Fomitchev, le directeur des chantiers navals de la Baltique à Saint-Pétersbourg. Sur ses carnets de commandes figurent sept bateaux-centrales. Le Lomonossov, un engin de 144 mètres de long, pesant 21 000 tonnes, devrait être mis à flots en 2014 a précisé récemment le président de Rosatom, Sergueï Kirienko. Son port d'attache sera la baie de Kracheninnikov, dans la péninsule du Kamtchatka, une zone volcanique encore en activité et dépourvue d'accès plusieurs mois de l'année.
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