Une vraie douche froide. L’annonce de la non-participation de Volkswagen au Mondial de l’automobile de Paris, qui se tiendra du 4 au 14 octobre, s’inscrit dans une liste de défections déjà fournie. Ford, Nissan, Volvo, Mazda, Opel ou Infiniti ont déjà déclaré forfait et la présence du groupe Fiat est en suspens, alors que celle de Tesla est très compromise. L’absence du numéro un européen, première marque importée en France, donne au malaise une dimension supplémentaire dont la manifestation parisienne, qui soufflera ses 120 bougies, se serait bien passée. Officiellement, Volkswagen invoque l’absence de nouveautés dans son agenda. Pourtant, il y a deux ans, la marque n’avait pas manqué le rendez-vous de la porte de Versailles – plusieurs constructeurs avaient déjà fait faux bond –, alors qu’elle n’avait guère de modèles inédits à présenter.
Volkswagen passe son tour pour le Mondial 2018, mais participe aux salons français de la high-tech comme VivaTech ou le CeBIT.
Cette nouvelle n’a rien d’un coup de tonnerre dans un ciel serein. Tous les salons de l’automobile, européens et américains, sont concernés. A Francfort, en septembre 2017, Peugeot, DS, Nissan, Mitsubishi, Fiat, Alfa Romeo et Volvo s’étaient fait porter pâle. En mars, même Genève – la manifestation qui échappe le plus souvent aux critiques – a été zappée par DS, Infiniti, Mini et Opel. Dernièrement, Mercedes, BMW et Audi ont fait savoir qu’on ne les verrait pas au prochain salon de Detroit, en janvier 2019. Il n’y a guère que les salons chinois, organisés en alternance à Pékin et à Shanghai, qui continuent à faire recette. Jusqu’à quand ?
L’attractivité en berne des grand-messes de l’automobile ne paraît pas liée à une brusque et brutale désaffection populaire. Leur fréquentation ne s’inscrit certes pas à la hausse, mais les dernières éditions du Mondial de Paris, pour ne prendre que cet exemple, se maintiennent au-dessus du million de visiteurs. C’est surtout du côté des participants que le bât blesse. Selon eux, le rapport coût-efficacité des salons de l’automobile s’est nettement dégradé et la perspective de figurer dans une manifestation intégralement consacrée à la voiture déclenche de moins en moins d’enthousiasme. Les marques, petites et grandes, préfèrent communiquer par l’intermédiaire des réseaux sociaux et du Web pour tenter de coller à l’évolution des pratiques consuméristes – on ne se rend plus forcément chez un concessionnaire, mais sur Internet pour choisir et parfois acheter sa prochaine voiture.
Les nouvelles mobilités
Surtout, le discours des constructeurs s’est décentré. Désormais, il porte moins sur le produit lui-même que sur la technologie qu’il embarque. Ainsi, Volkswagen passe son tour pour le Mondial 2018, mais participe aux salons français de la high-tech comme VivaTech ou le CeBIT. Au grand dam des organisateurs de la manifestation de la porte de Versailles, qui ont consenti des efforts pour se renouveler. En octobre, ils proposeront plusieurs salons dans le salon : un Mondial Tech, sorte de déclinaison française du CES de Las Vegas, de nombreuses initiatives consacrées aux nouvelles mobilités et même un Mondial de la moto associé à celui de l’automobile.
Les salons tels qu’on les connaît souffrent aussi d’un tropisme national excessif. A Paris et plus encore à Francfort, les marques autochtones sont surreprésentées et monopolisent le devant de la scène. Les constructeurs étrangers, qui éprouvent le sentiment d’être quantité négligeable, doivent consacrer des budgets de plusieurs millions d’euros pour, in fine, se contenter de retombées médiatiques incertaines. Autant d’objections qui conduisent un nombre grandissant de firmes à reconsidérer leur présence systématique au sein de manifestations qui, dorénavant, ne peuvent plus s’estimer comme incontournables.
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