Guerre commerciale, troisième acte. Après avoir taxé les importations d’acier et d’aluminium en mars, puis instauré cet été des taxes de 25 % sur 50 milliards de dollars (43 milliards d’euros) de produits chinois importés, le président américain Donald Trump s’apprête à imposer à hauteur de 10 % « dans un premier temps » pas moins de 200 milliards de dollars d’importations chinoises, affirment ce week-end le Washington Post et le Wall Street Journal.
Après avoir soufflé le chaud, en proposant, le 12 septembre, à la Chine de discuter de nouveau, Washington souffle donc à nouveau le froid.
Anticipant le nouveau train de mesures, Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, a déclaré, vendredi, que « les mesures tarifaires américaines seront seulement contre-productives ». Il s’est notamment appuyé sur plusieurs appels émanant de groupements d’entreprises américaines ainsi que sur de nouvelles mises en garde de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). La Chine, qui jusqu’ici a toujours répondu en adoptant en représailles des mesures similaires à celles prises par les Américains, tente cette fois une approche plus subtile.
Les Américains lui reprochent-ils de ne pas ouvrir son marché, notamment aux établissements financiers ? Pékin invite en catastrophe, dimanche, le gratin de Wall Street à lui faire des propositions concrètes. Pour des raisons de calendrier, et sans doute aussi pour ne pas être récupérés par les autorités chinoises, la plupart des dirigeants des grandes banques américaines se sont fait représenter par un adjoint.
Double provocation à l’égard de Washington
D’un autre côté, la Chine veut montrer qu’elle n’entend pas céder aux injonctions américaines. Selon le South China Morning Post, le quotidien de Hongkong, les dirigeants des entreprises publiques chinoises – ces conglomérats aux finances opaques accusés par les Occidentaux de ne pas respecter les règles de la concurrence – vont être conviés à la fin septembre à Pékin. Présidée par Liu He, le plus proche conseiller du président Xi Jinping pour les questions commerciales, cette conférence aurait comme objectif de rappeler que les entreprises publiques ont un rôle majeur à jouer pour atteindre l’objectif que s’est fixé la Chine : être leader mondial, en 2025, dans dix secteurs technologiques clés.
Si sa tenue se confirme, cette réunion pourrait donc constituer une double provocation à l’égard des Etats-Unis. Non seulement les autorités chinoises n’ont aucune intention de réduire le rôle de ces entreprises publiques, mais elles n’entendent pas non plus renoncer à leur programme « Made in China 2025 » même si, depuis juin, celui-ci n’est plus mis en avant comme auparavant.
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