Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Eglise : des personnalités demandent une enquête parlementaire sur la pédophilie en France

Les signataires ont transmis une pétition aux parlementaires. Socialistes, communistes et centristes ont déjà fait savoir qu’ils étudieraient la question.

Le Monde avec AFP

Publié le 30 septembre 2018 à 03h55, modifié le 30 septembre 2018 à 17h21

Temps de Lecture 3 min.

Religieux, anciens ministres, avocats, victimes… Un groupe de personnalités lance un appel pour une enquête parlementaire indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise en France.

« A côté des procédures judiciaires qui permettront de sanctionner les crimes et les délits individuels (…), seule une commission parlementaire a le pouvoir de faire la lumière sur le passé pour éviter qu’il ne se reproduise », affirment les auteurs de cet appel, transmis samedi 29 septembre à l’Agence France-Presse (AFP) et publié prochainement dans Témoignage chrétien.

Une telle commission pourrait exiger « la communication des archives diocésaines » et permettre d’informer la justice de « faits dont celle-ci n’aurait pas eu connaissance », écrivent-ils, au moment où de vastes scandales de pédophilie viennent d’être mis au jour aux Etats-Unis ou en Allemagne.

Parmi les signataires figurent les avocats Jean-Pierre Mignard et William Bourdon, les fondateurs de l’association de victimes La parole libérée, François Devaux et Alexandre Dussot-Hezez ou l’ancienne ministre de la santé Roselyne Bachelot-Narquin. L’ex-ministre de la famille et actuelle sénatrice socialiste de l’Oise Laurence Rossignol, le député (La République en marche) des Hauts-de-Seine Jacques Maire ou encore le père Vignon, qui a récemment lancé une pétition pour demander la démission du cardinal Philippe Barbarin, soutiennent cette démarche.

L’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, n’y est pas hostile : « Pourquoi pas, bien sûr !, dit-il au Parisien de dimanche. Si la situation montre qu’on a besoin d’une intervention extérieure à l’Eglise pour aller au bout des choses, je ne vois pas d’entorse à la laïcité. »

« Mesurer l’ampleur du fléau »

Ce n’est pas la première fois que de telles doléances se font jour, mais elles peinent à être suivies d’actes. « On peut s’étonner à quel point la France est en retard par rapport à ce qui a été fait dans d’autres pays » comme l’Australie ou les Etats-Unis, a déclaré à l’AFP Laurence Rossignol.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Pédophilie dans l’Eglise : pourquoi la France ne réagit pas

« J’aspire à ce qu’un jour nous puissions faire un vrai rapport complet en se faisant aider pour cela par des personnes extérieures, pour avoir une vision plus scientifique », affirmait récemment au Monde Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims (non-signataire de l’appel), plaidant pour « une sorte d’étude épidémiologique ».

Véronique Margron, présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (non-signataire également) suggère, elle, une « investigation » menée par des chercheurs qui serait « scientifiquement incontestable ».

« En France, on n’a aucune donnée statistique, sur la pédophilie au sens large », souligne François Devaux, président de La parole libérée. « Tant qu’on ne peut pas mesurer l’ampleur du fléau, on ne peut pas y répondre correctement », dit-il.

« Tous les pays qui ont fait un travail d’inventaire l’ont fait grâce à des instances indépendantes de l’institution ecclésiale », observe Christine Pedotti, directrice de la rédaction de Témoignage chrétien. C’est le cas de la Commission d’enquête royale en Australie, de la commission Ryan en Irlande ou encore de l’enquête du grand jury de l’Etat de Pennsylvanie aux Etats-Unis.

Une demande adressée au Parlement

En Allemagne, une enquête dévoilée cette semaine et réalisée par un consortium indépendant d’universitaires fait état d’au moins 3 677 victimes agressées entre 1946 et 2014 par au moins 1 670 membres du clergé.

Newsletter
« Religions »
Connaître les religions pour comprendre le monde, dans une approche laïque et ouverte
S'inscrire

Pour les auteurs de l’appel en France, le caractère contraignant d’une commission d’enquête parlementaire (obligation de répondre aux convocations, auditions sous serment, poursuites pénales possibles) donnera du poids à leur démarche. Leur pétition, consultable en ligne, doit être transmise à chacun des présidents de groupe à l’Assemblée nationale et au Sénat.

« Le Parlement doit se saisir de cette demande », estime Laurence Rossignol, qui prévient toutefois : « Une commission parlementaire, ce n’est pas le tribunal. »

Pour beaucoup, il est temps de faire bouger les lignes. « L’Eglise, navire gigantesque, bureaucratie énorme, donne l’impression qu’elle ne sait pas comment prendre les choses. Les catholiques s’irritent qu’on ne leur réponde que par des propositions de type journée de jeûne et de pénitence », explique Jean-Louis Schlegel, sociologue des religions.

Pour l’heure, il reste difficile d’évaluer le nombre de victimes de pédophilie dans l’Eglise. Dans un entretien à La Provence samedi, Mgr Georges Pontier, le président de la Conférence des évêques de France, a toutefois estimé que « 1 % » des prêtres en France auraient commis des actes pédophiles.

Le Monde avec AFP

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.