Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Avec la 508, Peugeot sort du tunnel

Loin de l’archétype de la familiale plan-plan, la nouvelle 508, sorte de coupé quatre-portes, a du chien. Un tournant stylistique pour Peugeot.

Par 

Publié le 21 juin 2018 à 07h15, modifié le 21 juin 2018 à 07h15

Temps de Lecture 4 min.

A rebours de la tendance générale, la nouvelle 508 a été raccourcie de 8 cm et abaissée de 6 cm.

C’est cruel, mais c’est ainsi ; les grandes berlines françaises comptent pour du beurre. Trop neutres, trop rationnelles, trop complexées, elles n’occupent qu’un strapontin sur le marché européen de ces voitures qui conservent une forte visibilité mais dont l’essor des VTC n’a pas suffi à enrayer le déclin. Hors de l’Hexagone, la nouvelle 508 de Peugeot ne fera pas beaucoup d’ombre aux modèles des marques allemandes, mais certains amateurs de Volkswagen, BMW, Mercedes ou Audi vont peut-être bien se retourner sur son passage. Ce qui serait assez nouveau.

Cette voiture dessinée avec l’envie qu’on la regarde est conçue comme une sorte de coupé quatre-portes, option à la mode mais assez osée pour un constructeur généraliste. En ligne de mire, Peugeot n’a plus la Volkswagen Passat mais – ses concepteurs n’en font pas mystère – l’Audi A5 Sportback .

Avec les 308 et 3008, Peugeot jouait son va-tout. Un succès d’estime n’était pas une option. Les deux modèles, élus Voiture de l’année (respectivement en 2014 et en 2017), ont rempli leurs objectifs commerciaux au-delà des prévisions. Cette fois, les enjeux ne sont plus aussi prégnants. « Nous lançons la 508 sans pression sur les volumes mais avec la volonté de poursuivre notre montée en gamme », admet Jean-Philippe Imparato, directeur général de Peugeot. Il faudra malgré tout écouler chaque année 60 000 à 70 000 unités (berlines et breaks) de ce modèle qui a fait l’objet d’une certaine prise de risque, certes calculée compte tenu de la modeste part de marché (6,7 % en Europe) détenue par la génération précédente.

Le constructeur qualifie la nouvelle 508 de « berline radicale », expression surjouée mais qui recouvre quelques choix très tranchés. Les vitres des portières sont dépourvues d’entourage, la ligne de pavillon retombe brusquement vers l’arrière, qui reçoit désormais un hayon, et la boîte automatique est désormais de rigueur, sauf sur l’entrée de gamme. Raccourcie de 8 cm et abaissée de 6 cm, à rebours de la tendance générale, la nouvelle 508 a du chien. Loin de l’archétype de la familiale plan-plan. Enfin, le retour à des lignes plus épurées renouvelle le style Peugeot, parfois un peu outrancier.

La jouer un tantinet « viril »

Dans cette classe de véhicules essentiellement destinés à devenir des voitures de fonction, la recette du succès est immuable. Il faut taper dans l’œil du chaland et la jouer un tantinet « viril ». Un registre sur lequel Peugeot a toujours été plus à l’aise que Renault ou Citroën, désormais prié par PSA, toute honte bue, d’abandonner l’univers de la grande berline. A ce petit jeu, on aurait aimé que la « radicalité » franc-comtoise pousse le bouchon plus loin et lance des œillades au glorieux coupé 406 de 1997. « La question s’est posée de concevoir une silhouette encore plus dynamique, mais l’habitabilité arrière aurait été insuffisante et nous aurait mis hors-jeu par rapport à la concurrence », regrette Gilles Vidal, qui dirige le design de la marque. Il faut dire que l’élégante chute de pavillon limite déja l’espace aux places arrière et ne facilite guère l’accès à bord. De même, il a fallu sacrifier le volume du coffre, qui perd 30 litres par rapport au précédent modèle. Pour envisager un espace intérieur un peu plus généreux, il faudra attendre début 2019 et l’arrivée de la variante SW (break).

L’habitacle de la 508 adopte le désormais célèbre concept du « i-cockpit », qui installe l’instrumentation en position haute. Sa planche de bord au dessin très réussi place la grande Peugeot plusieurs coudées au-dessus de ses rivales françaises mais reste encore en retrait de la concurrence allemande pour ce qui est de la qualité d’exécution. Seul regret : la dimension de l’écran central, insuffisante. Parfaitement équilibrée, bien suspendue et d’autant plus vive que ses proportions sont contenues (4,75 m en longueur, à peine 1,40 m en hauteur) tout comme sa masse, qui n’excède pas 1,5 tonne, la 508 se conduit du bout des doigts. Dommage que la taille des montants latéraux gène la visibilité dans les virages serrés et que, sous le capot, on ne trouve rien de très nouveau.

La firme au lion sait ce qu’elle veut : devenir « un constructeur généraliste haut de gamme » bourgeois, moderne et extraverti.

Elaborée avant le scandale Volkswagen, la gamme des moteurs fait encore la part belle au diesel (le 1,6 litre est disponible en 130, 160 ou 180 ch) alors que le 1,6 litre essence n’est accessible qu’en 180 ou 225 ch. Le constructeur, qui annonce l’arrivée d’une version hybride rechargeable de 225 ch à l’automne 2019, proposera bientôt une motorisation essence plus accessible. « Les clients évoluent. Ils savent que le monde bouge vite et ne croient plus aux berlines toujours plus grandes, plus lourdes. Ils attendent des véhicules plus efficients en termes de consommation et avec un impact visuel prononcé. C’est à cette aspiration que nous souhaitons répondre », considère Gilles Vidal.

Avec ses nouveaux atours, l’exercice de style 508 (à partir de 34 000 euros) confirme que Peugeot est sorti du tunnel. Soumise à la portion congrue depuis quatre ans, la marque va lancer d’ici fin 2019 le Rifter (l’équivalent du Citroën Berlingo), la version break de la 508, la nouvelle 208 et sa variante électrique ainsi que la deuxième génération du SUV 2008. Ce déploiement ne fera pas de Peugeot le constructeur français le plus complet, mais il en fait celui qui avance avec la stratégie la plus cohérente parmi les firmes françaises. La firme au lion sait ce qu’elle veut : devenir « un constructeur généraliste haut de gamme » bourgeois, moderne et extraverti. Un Volkswagen, en plus latin.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.