« Le rapport du Giec a le mérite de mettre les gouvernements face à leurs responsabilités »

Nos journalistes Pierre Le Hir et Stéphane Foucart ont analysé avec les lecteurs du « Monde » le rapport spécial du groupe d’experts sur le climat.

  • Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), présenté lundi 8 octobre, entretient l’espoir qu’il reste une chance de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle.
  • Mais cet ultime espoir ne sera préservé, montre le rapport, qu’au prix d’un sursaut international dans la lutte contre le réchauffement.
  • Y a-t-il encore un espoir de limiter le réchauffement climatique ? Posez vos questions à nos journalistes Pierre Le Hir et Stéphane Foucart
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Le Monde le 08 octobre à 12h16
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Le Monde le 08 octobre à 12h09
Le climatologue James Hansen et d'autres voix s'élèvent pour dire que les rapports du GIEC sont en général trop optimistes, car édulcorés par les Etats qui freinent sur la réduction des émissions de CO2. Quel regard portez-vous là dessus, et qu'en est il de ce dernier rapport ?

-Cédric
Stéphane Foucart : Des travaux d’historiens des sciences (en particulier de l’Américaine Naomi Oreskes) ont en effet montré, par l’examen des rapports successifs du GIEC, que les problèmes tendent à être sous-estimés dans un premier temps, puis fréquemment revus à la hausse dans les rapports suivants. Cependant, les rapports du GIEC sont rédigés par la communauté scientifique compétente, hors de toute interférence politique. Si ces rapports s’avèrent trop “optimistes” avec le temps, c’est surtout du fait de la culture des scientifiques eux-mêmes, qui préfèrent généralement (à l’exception de quelques personnalités, comme James Hansen) rester “prudents” et conservateurs dans leurs analyses, et donc sont souvent un peu au-dessous de la réalité. Ensuite, il y a les “résumés à l’intention des décideurs”, qui synthétisent ces rapports en quelques dizaines de pages et qui sont élaborés en concertation avec les délégations des Etats membres du GIEC. Dans ces documents synthétiques, chaque paragraphe est examiné ligne à ligne, et les formulations sont soigneusement choisies et négociées entre les scientifiques, d’une part, et les politiques, d'autre part.
Le Monde le 08 octobre à 12h05
 
Bonjour, savez vous si le gouvernement français a réévalué à la hausse ses objectifs concrets de lutte contre le changement climatique au vu des derniers rapports alarmants?

-FX TRON

Pierre Le Hir : Pour l’instant, non. La France s’inscrit dans le cadre de l’Union européenne, qui a promis de réviser à la hausse, pour la COP 24, qui se tiendra en décembre en Pologne, les engagements pris lors de la COP 21, de 2015 à Paris. La France s’est toutefois fixé pour objectif d’atteindre la neutralité carbone au milieu du siècle, ce qui va au-delà de l’objectif de division par quatre de ses émissions inscrit dans la loi de transition énergétique de 2015.

Le Monde le 08 octobre à 11h58
Bonjour,Que peut on espérer de la prochaine réunion des ministres européens de l’environnent ?Le poids des lobbies patronaux n’est il pas prégnant dans ce domaine?Merci

-Jean
Stéphane Foucart : Sans doute pas grand-chose. Le poids des lobbys est en effet important au niveau européen.
Le Monde le 08 octobre à 11h57
Quelle est la hausse actuelle de la température moyenne au regard des températures de l'ère pré-industrielle?Quelles seront factuellement les conséquences d'une hausse de 3°C (trajectoire actuelle) d'ici la fin du siècle?

-Nicolas
Stéphane Foucart : Les conséquences seront très variables en fonction des régions. Plusieurs phénomènes globaux peuvent toutefois être anticipés : élévation des océans (mais, là encore, très variable selon les zones), qui pourrait atteindre en moyenne 80 cm à 1 m à la fin du siècle ; augmentation de la fréquence des canicules (en France, à 3 °C de réchauffement moyen mondial, une canicule comme celle de 2003 se produirait très fréquemment, de l’ordre d’un été sur quatre)... Des modifications profondes des régimes de précipitations (plus de sécheresses dans certaines régions et à certaines périodes de l’année, plus de précipitations extrêmes ailleurs) sont également attendues, mais beaucoup plus difficiles à prévoir de manière fiable.
Le Monde le 08 octobre à 11h56
Bonjour et merci pour le live.Quelle place pour le nucléaire dans cette réduction espérée des gaz à effet de serre ?Technologie risquée mais sans production de CO2, ne devrait-on pas accentuer son développement et son exportation ?

-François
Pierre Le Hir : Au niveau mondial, le nucléaire représente moins de 5 % de la consommation d’énergie primaire. Sauf à construire de nouveaux réacteurs en série, il s’agit donc d’une question marginale par rapport au défi climatique. La situation est, il est vrai, différente en France, qui tire 75 % de son électricité du nucléaire. Mais, même dans l’Hexagone, l’atome ne représente qu’environ un quart des besoins énergétiques totaux. Le nucléaire n’est donc pas la réponse au réchauffement climatique. Au demeurant, dans ses précédents rapports, le GIEC le cite comme un élément d’un mix énergétique décarboné, mais pointe aussi les risques, notamment associés aux déchets radioactifs.
Le Monde le 08 octobre à 11h47
Pourquoi ne se passe t'il rien au niveau internationnal ?Les mesures à prendre seraient si compliquées ?Doit on y perdre tant en confort pour qu'aucun grand dirigeant ne fasse de la question ecologique le vrai combat ? Au lieu de celui pour l' illusoire croissance infinie ?Qu'est ce qui bloque ?

-ValCop
Stéphane Foucart : Le développement économique est étroitement lié à la consommation énergétique. La majorité des gouvernements souhaitent un développement de leur économie, donc corrélativement une augmentation de leur consommation énergétique. Il est techniquement difficile de dissocier développement économique et sobriété énergétique, c’est le nœud du problème. D’ailleurs, la seule période récente de baisse franche des émissions au niveau mondial a été la crise économique de 2008-2009.
Le Monde le 08 octobre à 11h39
 
Y'a-t-il des réactions politiques en France à ce rapport ?

-vert d'angoisse

Pierre Le Hir : A ce stade, il y a surtout des réactions d’ONG, confortées dans leur demande d’un changement d’échelle dans l’action climatique. Par exemple le WWF, qui appelle à un “big bang écologique”. Le risque est que, du côté du gouvernement ou du chef de l’Etat, on y voit l’occasion d’afficher une nouvelle fois “l’exemplarité” ou le “leadership” de la France, une posture très éloignée de la réalité. Rappelons que les émissions de CO2 de la France sont reparties à la hausse depuis 2015…

Le Monde le 08 octobre à 11h33
Les grands absents du débat ne sont-ils pas les économistes ? Le débat sur la notion de croissance me semble fondamental pourtant.

-Dom
Stéphane Foucart : Les économistes ne sont pas absents du processus d’expertise animé par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). En effet, le GIEC est divisé en trois groupes : le premier explore la science, le deuxième travaille sur les impacts régionaux, et le troisième, sur les modèles de développement économique qu’il faudrait promouvoir pour endiguer le problème. Cependant, la notion de croissance économique n’est pas remise frontalement en cause par les travaux de ce troisième groupe : nombre d’économistes estiment qu’il est possible de continuer à faire croître l’économie, mais différemment, en privilégiant des modes de consommation faiblement émetteurs. Cependant, cette question de la croissance et de sa poursuite est au centre de nombreux débats académiques depuis les années 1970.
Le Monde le 08 octobre à 11h29
Bonjour,Comment l'Union Européenne peut jouer un rôle dans la limitation des émissions de gaz à effet de serre quand on sait qu'à elles seules la Chine et l'Inde consomment 4 000 Mt de charbon par an?

-L'ami Gilbert
Stéphane Foucart : Les négociations climatiques sont un jeu subtil, où il est difficile aux pays du Nord de demander des efforts aux pays du Sud - dont beaucoup n’ont pas encore accompli leur développement - sans montrer eux-mêmes l’exemple. La baisse des émissions des pays européens est non seulement utile en termes climatiques, mais elle l'est aussi, et surtout, en termes diplomatiques. C’est un levier important dans la discussion.
Le Monde le 08 octobre à 11h25
 
n'est-il pas vain d'espérer parvenir à un objectif de 1,5 degrés, quand les engagements actuels, qui ont toutes les chances de ne pas être tenus, devraient conduire à un réchauffement de 3 degrés au moins ? ces objectifs ne sont-ils pas contre-productifs à force d'être trop ambitieux ?

-rémi

Pierre Le Hir : Le rapport spécial du GIEC sur le 1,5 °C est une commande que lui ont faite les Etats lors de la COP 21 de Paris. Il a le mérite de mettre les gouvernements face à leurs responsabilités. Il leur dit, en résumé : contenir le réchauffement à 1,5 °C est encore possible, mais cela suppose un changement radical de mode de croissance, à vous d’être à la hauteur du défi. Au passage, le message vaut aussi pour les “peuples”, qui devront accepter de modifier en profondeur leurs modes de vie. Trop ambitieux ou même irréaliste ? L’intérêt de fixer de tels paliers est aussi de montrer que les impacts d’un monde plus chaud de 1,5 °C ou de 2 °C sont d’amplitudes très différentes, même si dans les deux cas ces impacts seront sévères.

Le Monde le 08 octobre à 11h24
Peut on porter plainte contre les dirigeants actuels et passé pour mise en danger et inaction?

-toto
Stéphane Foucart : Il est difficile de répondre à cette question juridique très délicate, mais a priori il n’existe aucune juridiction à même d’instruire de telles plaintes, dans le cas général. Pour autant, les litiges se multiplient et, par exemple, la Cour de justice de l’Union européenne a récemment déclaré recevable une plainte déposée par une dizaine de familles contre l’Union européenne pour son niveau d’action trop faible à propos de la question climatique. Ces familles disent endurer les dégâts du dérèglement climatique. D’autres litiges, principalement contre des entreprises dont l’activité est source d’émissions de gaz à effet de serre, sont portés devant des juridictions nationales ou locales. Aux Etats-Unis, par exemple, le procureur de l’Etat de New York a engagé des poursuites contre le pétrolier Exxon pour avoir caché la réalité du réchauffement depuis les années 1970 : des documents internes de la firme montrent que ses cadres étaient très tôt informés du problème, mais qu’ils n’ont pris aucune mesure d’information vis-à-vis du public ou des responsables politiques. Pire : Exxon a été le grand argentier, pendant de nombreuses années, des mouvements climatosceptiques.
Le Monde le 08 octobre à 11h19
 
Que peut-on attendre des États-Unis, de la Chine et de l'inde dans cette lutte contre le réchauffement?

-Doc

Pierre Le Hir : Du côté américain, il n’y a malheureusement rien à espérer de la part de Donald Trump, qui a décidé de retirer son pays de l’accord de Paris. Mais on peut compter sur l’engagement de certaines villes et Etats, comme la Californie ou l’Etat de Washington. La Chine a pris le leadership, avec l’Europe, du combat climatique, mais elle continue de construire des centrales à charbon à grande échelle, ce qui explique en partie le fait que les émissions de CO2 sont reparties à la hausse en 2017 et, selon les premières données, en 2018. Quant à l’Inde, elle pilote le grand chantier de l’Alliance solaire internationale, mais elle continue à promouvoir les énergies fossiles pour soutenir son développement économique.

Le Monde le 08 octobre à 11h17
Quand on lit le rapport du GIEC, les récifs coralliens semblent presque condamnés à brève échéance quel que soit le scénario... a-t-on de fait renoncé à les sauver ?

-lecteur
Stéphane Foucart : Aucun gouvernement n’admet avoir renoncé à sauver les récifs coralliens, qui sont d’une importance cardinale pour la biodiversité marine et pour le maintien des ressources halieutiques. Cependant, de facto, l’augmentation des températures de surface de l’océan et le fait qu’une part du dioxyde de carbone émis par les hommes se dissout dans les mers et contribue à les acidifier condamne à moyen terme la survie de ces écosystèmes. Il faut avoir à l’esprit deux faits scientifiques bien établis : le premier est que plus de 90 % de la chaleur introduite dans le système climatique a été absorbée par l’océan, le second est que la vitesse à laquelle les eaux de surface océaniques s’acidifient est inédite depuis plusieurs dizaines de millions d’années. Ce que nous voyons dans l’atmosphère n’est donc qu’un pâle reflet des bouleversements qui frappent les océans.
Le Monde le 08 octobre à 11h13
 
A-t-on une idée des mesures concrètes à mettre en oeuvre si l'on veut contenir le réchauffement sous 1,5 degrés ?

-anonyme

Pierre Le Hir : Le rapport du GIEC souligne bien que des transformations "sans précédent” seraient nécessaires dans tous les domaines : production d’énergie, industrie, transports, urbanisme, utilisation des terres… Mais la priorité des priorités est de réduire drastiquement la consommation d’énergies fossiles (à commencer par le charbon), qui sont responsables de près de 90 % des émissions mondiales de CO2. Selon les scientifiques, ces émissions doivent être réduites de 45 % d’ici à 2030, par rapport à leur niveau de 2010, si l'on veut conserver une chance de ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement.

Le Monde le 08 octobre à 11h11
Tchat
À titre individuel, quelle serait la mesure la plus nécessaire à mettre en place?

-Claire94
Stéphane Foucart : Il est très difficile de répondre à cette question. De nombreux gestes du quotidien (la consommation de viande, les transports aériens, l’achat de produits agricoles d’importation, la consommation énergétique en général…) sont sources d’émissions de gaz à effets de serre. Chacun peut bien sûr agir selon ses priorités et ses préférences, mais il devient de plus en plus évident que l’addition de quelques bonnes volontés et la modification à la marge des habitudes de consommation ne suffiront pas à endiguer la dérive climatique. Seule une volonté politique forte, au niveau internationale, pourra éventuellement infléchir le cours des choses.
Le Monde le 08 octobre à 11h07

Comprendre le réchauffement climatique en 4 minutes

Le Monde.frUn rapport spécial du GIEC entretient l’espoir qu’il reste encore une chance de limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C par rapport à la période préindustrielle. Quel rôle joue exactement l'homme dans le changement climatique ? Explications en vidéo.
Le Monde le 08 octobre à 10h38

Climat : il y a un espoir de limiter le réchauffement mais au prix d'un sursaut international​

Climat : il y a un espoir de limiter le réchauffement, mais au prix d’un sursaut international

Le Monde.fr Selon le rapport spécial du GIEC présenté lundi, le seuil de 1,5 °C sera franchi entre 2030 et 2052.

 

Le Monde le 08 octobre à 10h27
Bonjour,
bienvenue dans ce tchat consacré au dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), présenté lundi 8 octobre. Vous pouvez poser vos questions à Pierre Le Hir et Stéphane Foucart, journalistes au service "Planète" du Monde, ils y répondront à partir de 11 heures

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