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Nucléaire : A Flamanville, les soudures de la discorde

Les difficultés de fabrication de l’EPR français ont rappelé cruellement les écueils qui menacent la filière nucléaire tricolore : une vision de départ extrêmement ambitieuse et des difficultés d’exécution aux conséquences lourdes.

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Publié le 16 septembre 2018 à 17h45, modifié le 16 septembre 2018 à 17h45

Temps de Lecture 2 min.

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«  Alors que la direction du groupe espérait démarrer en tout début d’année 2019, il faudra attendre 2020 pour voir l’EPR être raccordé au réseau. » (Photo  : l’EPR de Flamanville (Manche), en novembre 2016).

Ce n’est pas le coup de bambou, mais de chalumeau, pour un chantier qui n’en avait vraiment pas besoin. Au début de l’année, des problèmes sur des soudures essentielles du réacteur de Flamanville vont conduire EDF à réévaluer les coûts et les délais du chantier. Alors que la direction du groupe espérait démarrer en tout début d’année 2019, il faudra attendre 2020 pour voir l’EPR être raccordé au réseau.

L’affaire des soudures illustre amèrement les difficultés de la filière nucléaire française, confrontée à sa perte de compétences et de savoir-faire.

EDF avait défini pour la construction de l’EPR cette nouvelle norme de qualité et n’a pas été en mesure de la faire respecter à ses propres sous-traitants

En février, EDF découvre des problèmes sur trente-huit soudures, sur les soixante-six du circuit secondaire. Ce circuit d’eau est celui qui sert à évacuer la vapeur vers la turbine. Il est formé de quatre boucles, associées à quatre générateurs de vapeur. Dans un premier temps, le groupe explique que ces tuyauteries sont conformes à la réglementation mais qu’elles auraient dû correspondre au standard « haute qualité », plus exigeant que la réglementation en vigueur.

Concrètement, EDF avait défini pour la construction de l’EPR cette nouvelle norme de qualité et n’a pas été en mesure de la faire respecter à ses propres sous-traitants. « Pourquoi avait-on besoin de se créer cette nouvelle norme ? », pestait peu de temps après un dirigeant d’EDF.

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Mais les choses se sont compliquées quelques semaines plus tard. L’examen approfondi des soudures révèle qu’une grande partie d’entre elles ne respectent ni la norme voulue par EDF, ni même la réglementation exigée pour les équipements nucléaires sous pression. Résultat : le groupe doit reprendre cinquante-huit soudures, sachant qu’une seule soudure représente huit semaines de travail supplémentaire.

« Procédures pas suffisamment précises »

Dans la foulée, le réseau Sortir du nucléaire et Greenpeace déposent en juillet une plainte auprès du tribunal de grande instance de Cherbourg. Les associations antinucléaires estiment qu’EDF a sciemment laissé fabriquer et installer sur l’EPR des tuyauteries dont les soudures ne correspondaient pas aux exigences de sûreté.

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Dès les premières semaines, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait jugé ces anomalies « sérieuses », en soulignant un « défaut de surveillance » de la part d’EDF. Les sous-traitants du groupe sont particulièrement en cause, notamment Framatome, ancienne filiale d’Areva reprise par EDF en 2017 au moment de la restructuration de la filière.

« A Flamanville, on a souffert de procédures qui n’étaient pas suffisamment précises », reconnaît en juillet Xavier Ursat, patron du « Nouveau Nucléaire » chez EDF. Ces difficultés ont rappelé cruellement les écueils de la filière nucléaire française : une vision de départ extrêmement ambitieuse et des difficultés d’exécution aux conséquences lourdes.

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