Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Ce larynx unique qui permet aux baleines de chanter

Pour produire ces sons hypergraves qui se diffusent dans l’eau, les cétacés à fanons font vibrer des structures uniques, vient de révéler une équipe internationale de scientifiques.

Publié le 28 février 2024 à 05h15, modifié le 01 mars 2024 à 14h02 Temps de Lecture 3 min.

Article réservé aux abonnés

Le chant des baleines a toujours fasciné les marins. Longtemps, les anciens navigateurs ont attribué ces sons sinistres venus des profondeurs à des créatures mythiques, des fantômes, voire aux diverses boissons alcoolisées dont ils abusaient parfois. Jusqu’à ce qu’en 1970 les bioacousticiens américains Roger et Kati Payne parviennent à enregistrer ces envoûtantes mélodies. Reprises à l’envi, gravées sur disque, envoyées dans l’espace, elles contribueront à faire voter les lois de protection sans lesquelles nous n’aurions sans doute plus de grands cétacés dans nos océans.

Mais comment ces géantes des mers produisent-elles leurs sons ? Jusqu’ici, personne n’en savait rien. Les tissus des baleines échouées se désagrègent si rapidement que les étudier relève toujours de la performance. Et comme le larynx des cétacés paraissait disposer d’aryténoïdes, des cartilages qui tendent nos cordes vocales, il semblait acquis qu’en retournant à la mer, il y a quelque 47 millions d’années, les mammifères avaient reproduit la technique de leurs cousins terrestres. En expulsant l’air entre les plis vocaux – l’équivalent de nos cordes vocales –, l’animal les faisait vibrer et ainsi produisait du son.

Une étude publiée mercredi 21 février dans la revue Nature vient pourtant bouleverser nos connaissances. Une équipe internationale de biologistes marins et de bioacousticiens conduite par Coen Elemans, de l’université du Danemark-du-Sud, montre qu’en vérité les baleines à fanons disposent de structures uniques qui leur permettent de produire des sons d’une façon différente et à des fréquences beaucoup plus basses que les autres animaux.

Les chercheurs ont pu disposer de larynx parfaitement conservés de trois espèces – rorqual boréal, baleine de Minke (ou petit rorqual) et baleine à bosse. Ils ont d’abord pu vérifier que les deux immenses plis vocaux, au lieu d’aller s’accrocher au fond du larynx, s’y rejoignaient pour former une sorte de « U ». Surtout, ils ont découvert au-dessus des deux bras de cette structure un coussin de graisse recouvert de mucus.

Une tessiture de sept octaves

En soumettant au laboratoire l’ensemble du dispositif au passage d’un puissant flot d’air, ils ont pu mettre en évidence le comportement des différents organes. Lors de la phase d’inspiration, l’air passe sans surprise des narines au larynx, puis traverse la trachée avant d’aller gonfler les poumons.

Le trajet retour, en revanche, a réservé aux chercheurs une surprise de taille. Ils ont constaté que ce n’était pas le flux passant entre les deux bras du U qui provoquait l’essentiel des vibrations, mais la masse d’air s’infiltrant entre le U et le coussin. Plus précisément, celle-ci entraîne la mise en mouvement du mucus, qui provoque l’émission du son. Le dispositif est particulièrement ingénieux puisqu’une partie de l’air est alors recyclée et renvoyée vers les poumons. Ainsi, les baleines, à la manière d’une cornemuse, peuvent vocaliser en continu, y compris lorsqu’elles inspirent.

Il vous reste 39.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.